Albator, corsaire de l'espace
5.8
Albator, corsaire de l'espace

Long-métrage d'animation de Shinji Aramaki (2013)

Ah que c'est bon d'être un pirate de l'espace ! Autant dire que l'esprit d'Albator, flibustier du firmament, a de quoi séduire le spectateur et nous rappeler nos rêves d'abordages à l'ampleur de cargo spatiaux entiers ! Je le précise tout de suite : je ne connais rien du matériau original, ni ne me suis documenté sur le sujet. En temps que tel, ce film est une véritable révolution technique. C'est, avec Les Chroniques de Riddick, le seul à faire prendre corps à un univers pareil, et ici, l'ampleur des effets spéciaux le place largement au dessus de son concurrent d'un point de vue technique. Eblouissant d'un bout à l'autre, chaque séquence spatiale se révèle être un bonheur pour la rétine, et forcé l'on est de constater que la 3D a été pensée en conséquence. On n'a pas vu de guerre spatiale plus impressionnantes depuis le 3ème épisode de Star Wars. De quoi se gaver la rétine jusqu'à plus soif. En soit, le film n'a pas volé l'appréciation de Cameron. Il l'endosse d'ailleurs avec une gênante facilité, car les défauts qu'un tel juge implique sont aussi présents.

Encore davantage que Gravity, Albator est un gouffre scénaristique bourré de problèmes qui agace régulièrement le spectateur un temps soit peu exigent. L'adage voulant que l'accomplissement technique passe par un renoncement total d'ambitions de cohérence est hélas confirmé par Albator, au delà même du divertissement. Dans l'optique de suivre l'histoire d'un corsaire de l'espace, on voulait deux choses : un esprit de piraterie et des scènes d'action dantesques avec de l'abordage. C'est tout ! Pour l'esprit pirate, ça commence bien dans les 10 premières minutes (le coup de la planche, où les pirates laissent les candidats dire un mot pour appuyer leur demande, et où les honneurs et l'argent se font exécuter. Et que répond notre héros ? La liberté ! Et on le sauve pour une connerie pareille) et ça retombe comme un soufflet aussi sec. La liberté, mais quelle connerie dans un pareil contexte ! Fallait répondre "le capitaine !" et là on était bon, mais non. Et après une éblouissante scène d'abordage de vaisseau ennemi (conclue en 3 minutes une fois l'attaque finie), on lance le scénario : on dépose des bombes à neutrons dans différents points de l'univers pour faire bugguer le temps et revenir en arrière... Hu ? Mais c'est quoi ce plan de merde ? Bon, allez, pas grave ! Au moins on va voyager dans l'univers. Une séquence nichon numérique et fesse numérique, check ! Une blonde avec armure bonnet D qui porte des combinaisons spatiales moulant son string plus tard, l'histoire n'a pas beaucoup avancée. Et alors que la bataille finale s'annonce, les failles apparaissent. L'incapacité totale du scénario à insuffler la moindre émotion quelque soit le personnage en question (le passé d'Albator... miné par la bêtise de ses décisions et l'absence totale de spontanéité de ses réactions, le héros girouette qui ne semble pas avoir la moindre raison et qui change sans arrêt d'avis), la lourdeur des symboles (bon sang, cette fleur à la con...), les incohérences multiples (les gardes de GAIA voient un garde qui va droit vers les cellules des prisonniers sans répondre à leurs injonctions et se disent juste qu'il est bizarre), le film prend le vide de toutes parts, et jamais ne semble vouloir changer son cap. En fait, il y a tellement d'incohérences (le flash back donnant des infos sur le héros et sa famille, d'une débilité sans fond (des ampoules qui explosent tout un building...)) qu'à moins de renoncer à réfléchir, le film décevra continuellement. Jusqu'au final d'une connerie abyssale, emmerdant la logique jusqu'au bout pour tenter d'emporter le morceau sur le tard avec un esprit pirate mort il y a plus d'une heure déjà. Au vu de la perfection technique de l'ensemble, le résultat n'en est que plus frustrant, et le bilan si désespérément évident, qu'Albator déçoit les maigres attentes qu'on avait placé en lui. Merde, Aramaki, quand vas-tu enfin t'acheter un scénariste compétent ?

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le 25 déc. 2013

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Voracinéphile

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