S'il y a bien un film qui était attendu cette année, c'était celui-là. Lorsque Tim Burton s'attaque à une adaptation, il tape nécessairement dans le loufoque. J'avais été séduite il y a quelques année par le chocolatier fou et sans scrupule de Charlie et la Chocolaterie. Plus récemment, le barbier et les londoniens anthropophages de Sweeney Todd m'avaient moins convaincue mais demeurait un je-ne-sais quoi Burton qui m'avais plu, et qui en avait fait un film globalement bien accueilli. Avec Alice au Pays des Merveille, Burton s'attaque à aussi loufoque que son propre univers. Mais ça n'est pas la seule particularité de ce film puisque les producteur ne sont autre que Walt Disney Pictures, les rois des bons sentiments et des happy ending dégoulinants. Je reprends donc, on a un combo Tim Burton le loufoque macabre + Lewi Caroll le loufoque merveilleux + Walt Disney le politiquement correct.

J'avais été séduite par les produits dérivés, disponibles avant même la sortie du film dans les salles. Après avoir cru un moment que j'était obligée de boycotter ce film que les producteurs refusaient de laisser plus de 2 mois en salle, j'ai finalement renoncé à cet acte politique puisque en France, la durée de passage des film dans les salles obscures est régie par la loi. Puis ce furent les bouches à oreilles qui me dissuadèrent à nouveau d'aller le voir. Parce que, ne nous voilons pas la face, impossible d'aller voir ce film indemne de toutes les critiques virulentes qui fusèrent dès sa sortie.

Au diable les hipsters mauvaises langues : je suis tout de même allée samedi après-midi le visionner, et en 3D. Je ne reviendrai pas sur l'usage de la 3D, j'ai dit ce que j'en pensait dans mon article sur avatar : je n'ai pas saisi l'intérêt, mais peut-être que j'aurais encore moins aimé sans la 3D. En effet, les décors sont fantaisistes, invraisemblables, à base de champignons, et puisqu'il s'agit de l'immersion d'une jeune fille ordinaire dans un monde merveilleux, le parallèle avec la 3D qui propose au spectateur de plonger dans le film est évident, un vrai slogan Disney.

Voilà pour l'état d'esprit dans lequel j'étais en allant le voir. Ensuite vient le visionnage du film. Et bien il fut extrêmement décevant. Car en rien loufoque. Pourtant, le début, le tableau de la vie ennuyeuse et absurde d'Alice où elle n'est en rien à sa place laissait penser que le voyage d'Alice dans le payx des merveille exprimerait toutes ces fantaisies de l'esprit brimé d'Alice, qui ne pouvaient s'exprimer dans le milieu aristocrate. C'est un échec. En effet, au tableau fantastique est privilégiée l'épopée magique. De la magie comme on aurait put en trouver dans Le Belle aux Bois dormant. Rien de ce qu'on attend d'un Burton. Certains personnages au profil intéressant sont traités de manière à n'être qu'anecdotiques : Le chat, La reine Blanche... Le film se fait autour de Alice qui est une jeune fille normale, le Chapelier Fou qui ne change pas de ce qu'on a l'habitude de voir Depp jouer et la reine rouge qui est brillamment interprétée par Helena Boham Carter, mais à qui je reprocherais de tomber dans le ridicule directement au lieu de nous servir de l'absurde royal.

Ainsi, Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton est tiraillé entre l'influence de son réalisateur et celle de ses producteurs au point que ça ne ressemble ni à un Tim Burton, ni à un Walt Disney. L'enchaînement des événements n'est pas original, même pas surprenant. Le parcours d'Alice est sans embûches, tout du moins comparé aux tournures absurdes qu'il prenait dans le livre original. Mais le film n'a pas non plus des Disney l'aspect enchanteur qui nous fait sortir de la salle avec une histoire merveilleuse dans les yeux et l'esprit plus niais que jamais, propre aux vrais Disney. Mais là où l'échec du film se fait particulièrement ressentir, ce sont lors des 15 durant lesquels Depp danse, qui sont à la fois les 15 secondes les plus Burton du film, mais également les 15 secondes les plus pitoyables du film.
Suz
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le 26 août 2010

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