Alien3 était le film le plus mal barré du monde.
Un miracle de non sens de production hollywoodienne.
Je pourrais citer une douzaines de films à gros budget qui se sont arrêtés avec une pré production finie, par halte des studios.
Alien3 a eu son tournage lancé sans avoir même une première ébauche de scénario.
Les producteurs Giger et Hill pensant certainement pendant toute l'année 1992 que chaque jour qu'ils vivaient était un rêve, se permettent alors de faire le blockbuster le plus couillu d'Hollywood.
La ou dans Aliens, malgré les quelques violences, on était dans une zone de confort (les personnages auxquels on s'attache le plus survivent, le fils de pute de service crève), Fincher donne une gigantesque baffe.
BIM Hicks est empalé sur son cryo-tube
BIM Newt s'est noyée et se fera ouvrir la cage thoracique.
Fincher applique méthodiquement les moyens de torture qu'il reçoit des producteurs, sur les spéctateurs.
Bienvenue dans le monde des désillusions.
Plus d'hommes valeureux, plus de monsieurs-tout-le-monde.
Sur Fury161, on élève les raclures à la dizaine.
Et le seul personnage qui très vite ne correspond pas à ce modèle sera aussitot zigouillé.
Plus de lance flamme, plus de mitrailleuse.
Ripley retourne à l'age de pierre et nous aussi.
Pas très étonnant alors que l'on y retrouve un discours sur la religion qui soude le microcosme que l'on voit au long du film (héritage du script de Vincent Ward).
Alien 3 ne fait pas très peur en réalité.
Il met souvent mal à l'aise mais ne cherche jamais à faire sursauter le spectateur.
Et c'est pourtant celui qui est le plus en phase avec les thèmes de la saga.
La production est dans la merde la plus totale, Fincher en fera un film la dessus, mais aussi sur la (re)naissance.
Car après tant de nihilisme, les moment d'héroisme du film paraissent d'autant plus grandioses.
Les victoires d'autant plus flamboyantes.
La gloire, comme dans les 10 dernières minutes, y est discrète, mais d'autant plus importante.
Après ca, je ne peux pas croire que Fincher était juste cadreur comme il l'a prétendu.
Après un montage alternatif de naissance de l'Alien, après une vue subjective de la bête parfaitement maitrisée pour booster la narration, après une exécution du final presque parfaite, tout tend vers un talent qui n'aurait pu venir de la part des producteurs, mais de lui seul.
Ajoutez à ca, des acteurs tous au sommet (faites l'expérience de voir les seconds roles dans le Making Of, c'en est à vous faire sortir les yeux du crane) et une bande originale qui à sa place dans le TOP 5 des musiques des années 90 (des violons hyperactifs sur la mise à mort de l'Alien, même Ennio Morricone n'y aurait pas pensé), et vous obtenez la meilleur conclusion de trilogie de tout les temps.
Oui j'ai bien dis trilogie.