L'intrus des brumes ombreuses : l'évolution et décrépitude de l'être pourchassant et pourchassée

Alien a du mal à prendre des rides, il est à mon gout beaucoup trop vivace, beaucoup trop rapide, beaucoup trop gluant, beaucoup trop parasite et son goût pour la proximité humaine ne me le rend pas plus sympathique.

Ainsi dès le début du film, connaissant le pitch de base, le spectateur est méfiant, tout semble d'ailleurs devoir justifier cette méfiance puisque la caméra fait figure d'intrus dans un univers menaçant, sombre, les lumières semblent s'allumer sur notre passage, nous faisons désormais partie de l'équipage !

Heureusement le sympathique Ridley (qui joue au marionnettiste avec le spectateur pendant tout le film) nous rassure, tout cela n'est que le réveil des membres de l'équipage, jusqu'ici en "hibernation" suite à la détection d'un étrange signal d'outre-espace, d'où code du parfait navigateur des étoiles qui recommande en son chapitre 3, paragraphe 2 de l'article 7-B "D'aller voir par ce qu'on sait jamais, l'émetteur a peut-être des tendances suicidaires ou des avaries, d'où principe d'assistance automatique de précaution". On mange des corn-flakes, on fait des blagues, on essaye de gratter pour avoir une meilleure paye : nous sourions, les lumières sont désormais chaudes et rassurantes, on sort de la routine mais tout va bien dans le meilleur des mondes ordinaires aux préoccupations futiles ...

Une grande part du génie du film réside en effet dans ses alternances de peur/"toutvabienmonboutdechoun'hesitepasàterendormiretàcroirequetoutvabien" et dans la croissance du potentiel de la peur et au final aussi dans l'effet d'attente, de stress qui est très bien amené, ne frisant généralement l'exagération que dans de rares moments ...

Les personnages aussi sont assez bien développés, sous des figures caractéristiques au départ, ils suivent leur propre évolution arrivant à surprendre le spectateur et à enrichir l'intrigue. Certains passeront par des phases "tête à claque" mais dans l'ensemble on est agréablement étonnés ...

De plus malgré quelques fortes improbabilités (des détails physiques, certains éléments du scénario, comportements), qui pourront provoquer des "what the hell is going on ?" chez le spectateur, ou plus simplement un air dubitatif, l'univers est travaillé au niveau du design, de l'apparence, amenant un regain de crédibilité à l'ensemble. On notera notamment comme premier élément un peu oppressant celui de l'opposition entre les deux vaisseaux, l'un fonctionnel et mécanique, le second antique et organique et avec l'arrivée du 8ème passager (ou 9ème si vous vous considérez, comme le veut le jeu de la caméra qui affectionne les vues à la première personne, comme 8ème membre de l'équipage en tant que spectateur) la transformation de ce premier vaisseau de manière à ressembler au second.

Car en effet tout palpite dans ce film, aussi bien la main qui tremble, que le ventre tendu, que la paroi biologique, que votre pauvre coeur qui je l'espère réussira à s'accrocher ...
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le 14 juin 2012

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