L’action se rattache directement au premier volet : Ripley et Jones (le chat) ont dormi 57 ans à bord d’une capsule de survie suite aux événements du Nostromo. Après leur sauvetage et leur retour sur Terre, une mauvaise surprise les attend : tous ses amis et sa famille sont morts (57 ans ont passé…). On en va croire à son histoire et elle voit son permis de pilote confisqué. Sans parler de ses nuits hantées par les Aliens.
Durant ces années, la planète aux monstres a été colonisée, et une centrale nucléaire y a été bâtie. Seulement, toutes les communications avec la colonie ont été rompues. La Carolco (propriétaire du Nostromo) commence aà écouter un peu plus attentivement les récits de Ripley et monte alors une expédition de Marines, demandant à Ripley de les accompagner, ainsi qu’un androïde, Burke (Lance Heriksen).
Sur place, il n’y a plus qu’une survivante, une gamine, Newt. Et les Aliens sont là, nombreux et organisés.
Techniquement, on n’a que deux points communs entre ALIEN et ALIENS, enfin, trois si on ajoute Jones:Ripley et le monstre.
Cameron amène la testostérone au film de genre dans cette suite aux antipodes du premier volet, pleine de bruit de fureur et d’action. Là où le premier volet jouait sur l’épouvante, celui-ci est clairement branché sur l’action. L’adrénaline est différente, car le Canadien sait tenir en haleine le public malgré tout. Et il y parvient par des biais intéressants. Aucun des personnages n’est tout blanc ou tout noir, et de ce fait, même si on n’arrive pas à s’identifier totalement à l’un ou l’autre, on s’inquiète malgré tout de leur devenir. Ensuite, de par le montage rythmé et l’éclairage des images qui propose un univers sombre et cauchemardesque.
Moins dans l’angoisse (même s’il remplit le cahier des charges, on voit bien que ce n’est pas le domaine où il se sent le plus à l’aise), plus dans l’action, Cameron développe les thèmes qui lui sont chers : la lutte de l’humain contre la technologie, la lutte des classes et l’utilisation de la plèbe comme chair à canon, les femmes fortes (au sens psychologique, égal de l’homme sur son terrain), avec des relations platoniques plus que physiques avec leurs pendants masculins.
Moins beau, moins flippant, plus rythmé quoique plus long, le film apporte tout de même une pierre considérable à l’édifice avec l’apparition d’une reine pondeuse, nous montrant un autre stade du développement de la bestiole.
C’est un film qui tourne autour de la notion de maternité et du coup est plus centré autour du personnage de Ripley.
Ripley revient sur Terre, et rêve qu’elle accouche (enfin, je me comprends, qu’elle pond serait plus exact), un alien par les voies naturelles pour cette espèce, à savoir la cage thoracique.
Son errance spatiale ayant duré plus que prévu, elle apprend que sa fille qu’elle avait laissée en partant en mission est morte de vieillesse. Elle ne connaît pas vraiment le sentiment maternel. Elle va le découvrir au contact de Newt, gamine ayant échappé au massacre des colons sur la planète des bestioles. Et la fin sera un duel à mort entre deux reines mères. On a ainsi un combat entre deux mères protégeant leur progéniture (Ripley protégeant Newt et la reine Alien protégeant ses oeufs).
Véritable film de guerre, à l’imagerie correspondant à une version high-tech du Viet-Nam, on peut y voir une mise en image de l’esprit des textes de l’ultra-va-t-en-guerre Robert Heinlein (ETOILES, GARDE-À-VOUS ! (ayant donné STARSHIP TROOPERS)). Ripley découle de cette idée : quel est le moteur de sa motivation à retourner dans le nid de son cauchemar ultime ? L’aspect psychologique est évidemment redondant avec la vision par le prisme hollywoodien que l’on a des vétérans du Viet-Nam.
Le « s » à la fin du titre est là pour intensifier l’aspect guerrier de ce volet avec ses cohortes de monstres.
Mais l’imagerie guerrière au service de ce genre ultra-codifié qu’est la SF était une nouveauté lors de la sortie du film de Cameron. Parce que finalement, les scènes les plus tendues sont celles où il n’y a pas de monstre à l’écran.