[SanFelice révise ses classiques, volume 21 : http://www.senscritique.com/liste/San_Felice_revise_ses_classiques/504379/page-2#page-1/ ]
Il y a deux façons d'aborder ce film :
_ soit on considère que c'est un film de James Cameron
_ soit on le voit comme la suite du film de Ridley Scott.
Le cinéma de James Cameron, on l'a déjà dit, c'est un cinéma de divertissement destiné à faire passer un bon moment, et si possible à en mettre plein la vue. Ici, il est clair que le cinéaste atteint ses limites. Des fusillades, quelques explosions, des flammes, des monstres qui explosent, ce n'est pas suffisant pour couvrir les 135 minutes de la version courte (je ne mentionne même pas la version longue). Cameron est pris dans un piège : le huis-clos. Son cinéma a besoin de beaucoup bouger, de changer d'air, de changer constamment de type d'action. Cinéaste des grands espaces et des courses-poursuites, il tombe souvent dans le gigantisme, et ça lui plaît. ici, confiné dans les minuscules couloirs de la station coloniale, puis dans les conduits d'aération, son cinéma devient claustrophobe. Le type d'action étant limité, Cameron est condamné à la répétition. D'où un sentiment de lassitude.
Encore, la début pourrait laisser espérer quelque chose de sympa. Mais ça s'effondre dès la première rencontre avec les monstres.
Le film comporte les éléments traditionnels du cinéma de Cameron : des militaires (ici, ils sont plutôt gentils, ce qui est assez rare chez le cinéaste, mais ils restent peu compétents). Par contre, il y a une méfiance manifeste envers les autorités, qui cherchent toujours à exploiter les événements au détriment des populations. Que ce soit Cyberdine, ou la Compagnie ICC, le résultat est le même, et le personnage principal est placé dans une situation de victime d'où il peut sortir qu'en rentrant dans le lard de tout le monde.
Côté rythme, Cameron, d'habitude assez fort sur cet aspect, se prend les pieds dans le tapis. Son film, même en version courte, est trop lent. Pas assez de suspense, un tension molle, on se fait chier. L'action est expédiée à toute vitesse, le cinéaste préférant la quantité à la qualité.
Pire : le film ne se contente pas de frôler le ridicule, il rentre en plein dedans lors de certaines scènes (maman Alien prend l'ascenseur ?).
Il reste juste la bande d'acteurs, là aussi du typiquement Cameron, mis à part Sigourney, figure imposée de la série. On retrouve donc Michael Biehn, Lance Henriksen et Bill Paxton, qui étaient tous les trois dans le premier Terminator (on retrouvera par la suite Biehn dans Abyss et Paxton dans True Lies). L'ensemble fonctionne plutôt bien côté interprétation.
bref, ce n'est pas très concluant pour du Cameron.
mais si jamais on commet l'erreur de comparer ce film avec le Alien de Scott, alors là c'est l'horreur absolue.
L'avantage de la série Alien, c'est que chaque cinéaste avait fait comme il le voulait, adaptant la série à son propre univers. Il est évident que Cameron n'a pas suivi du tout le travail de Scott. Là où la bête, monstrueuse certes mais surtout fascinante, intelligente, dont on suivait l'évolution au fil du film, était unique et indestructible dans le premier opus, ici, on les abat par paquets de douze. ça tombe comme à Gravelotte ! Nous n'avons plus le tueur parfait, nous n'avons que des bestioles idiotes qui se jettent en masse contre les mitraillettes et les lance-flammes. Du grand n'importe quoi.
En conclusion, entre le premier et le deux, la chute est impressionnante. Cameron, cinéaste pour lequel j'ai de la sympathie habituellement, a foiré son truc. Aliens est un gros machin indigeste, ennuyeux et mal foutu.
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