Une adaptation bien agréable à suivre d'un excellent manga, mais ratée et discutable

D'abord, une petite digression sur la 3D. On peut la sauter en passant à la ligne +-+-+-+ qui suit.
Je me suis pointé au cinéma et il n'y avait que la séance 3D à cette heure-là. Je dis à la vendeuse : "C'est si bien que ça en 3D. Moi, je viens voir un film, ce genre de gadget..." Elle me sort : "Oui, c'est génial ! C'est d'une plus grande qualité, l'image et le son, blablabla, on a le siège inclinable." Je réponds : "Ah! on a le siège inclinable, non mais dites-moi pour le confort du siège inclinable on a quelle différence de prix ? Ah oui quand même ? Il faut rentabiliser la salle ? ça coûte si cher la duplication des bandes pour la 3D? Bon, allez, je vais essayer exceptionnellement." La femme a poursuivi sa promo : "En plus, la 3D, c'est vraiment fait pour un film comme celui-là en plus."
Avant le film, on a eu sur l’écran une pub d'école de commerce qui essaie de faire une démonstration, qui te la joue petite leçon sur la couleur, la lumière, le contraste, etc. Puis on fait un petit test sur le son avec une fausse voix qui part du public, un faux cri admiratif qui a l'air de partir de trois fauteuils à côté de soi.
Pour le son, oui, l'effet est là, mais le film joue-t-il sur le son dans la salle ? Si ce n'est pas le cas, ça ne sert à rien. Je ne me suis pas concentré sur le son, mais si je n'ai pas juger de la pertinence du son dolby pendant le film, au moins la qualité du son n'a pas été un problème.
Il en va différemment pour l'image. D'abord, on le sent qu'on a des lunettes sur le nez et elles ont une sorte d'écran sale, même après avoir été consciencieusement nettoyée par frottement sur mon pull. Les couleurs sont faussées, pas naturelles avec les lunettes, il y a une teinte sombre qui obscurcit toute l'image pour toute la durée du film. Alors, il y a indéniablement des aspects positifs à la 3D. Au début du film, dans la décharge, on a vraiment l'impression qu'Ido passe à côté de nous sans nous voir et puis quand il tend sa main c'est bluffant. Autre scène, On a un premier plan avec de dos Alita en bas de l'escalier qui surveille la salle où se trouvent Ido et son assistante. On a vraiment une sensation d'immersion et on se dirait à côté d'Alita, laquelle est dans une position suggestive malheureusement pour elle. Après, j'ai remarqué que la 3D favorise des opérations mentales où en tant que spectateur on se détache du cadre de l'image pour observer les détails qu'on choisit, une inscription sur le côté par exemple à laquelle pratiquement personne ne fera attention. Ceci dit, ça devient un jeu où nous ne sommes plus sur l'emprise du magicien qui dirige la réalisation et après le début du film je ne joue plus à faire attention à tout ce jeu sur la mise en perspective, sur la profondeur de champ. En revanche, tout le long du film, je suis agacé par les parties de l'image qui sont floues à cause des différences de focale. Ma vue immédiate de la réalité n'est pas floue, à la limite au bord du champ de vision et encore j'en prends rarement conscience. Les détails auxquels je ne fais pas attention, je ne les vois pas flous devant moi, comme c'est le cas avec la prestation de ce film en 3D. Bref, je n'irai plus voir de film en 3D avant une véritable avancée technologique en la matière. Pour l'instant, c'est du pipi de chat leur technique.


+-+-+-+


Pour commenter le film, je précise que je suis allé le regarder parce que j'aime le manga que j'ai lu assez récemment. En revanche, je ne suis jamais allé regarder Titanic ou Avatar. Je ne suis pas fan de la série Alien, je suis même plus horrifié par les images de la série La Mutante avec Natasha Henstridge. Le film Terminator m'ennuie, je n'apprécie que la tête squelettique du robot et ses yeux, le reste m'indiffère. Sin city, j'ai été impressionné visuellement par les images en noir et blanc façon bande dessinée et l'ambiance que ça créait, mais le film en lui-même avec son récit bidon j'ai trouvé que c'était de la daube ennuyeuse. J'ai bien aimé Une nuit en enfer parce que ce fut le premier film où j'ai constaté ce soudain changement d'un film de voleurs poursuivis à un film de vampires, mais cela ne soulève pas non plus mon admiration puisque ce film je ne l'ai jamais revu ensuite.
Donc, pour moi, le résultat du film fut inespéré, je m'attendais à bien pire que ça. La finition pour le décor et les effets spéciaux est réelle, et le film a un bon rythme. Il dure deux heures et je serais resté sans problème une heure de plus.
Pourtant, j'ai trouvé des tonnes de défauts au film.
Le début, ça va, mais plus on avance, plus des anomalies surgissent, et la fin est catastrophique. Il paraît qu'il y a eu une réduction conséquente du script et je pense que le remaniement a surtout concerné la fin du film car cette conclusion part dans toutes les directions de manière absurde. Je vais en parler et donc ça va spoiler.
En fait, il s'agit d'une adaptation. Que le manga ne soit pas respecté à la lettre, c'est une chose, mais le récit est revisité et réorganisé. D'après les bandes-annonces, je pensais que nous allions avoir le récit des quatre premiers tomes : tome 1 résurrection de Gally / Alita, vie avec Ido, combat contre Makaku / Griweshka, puis Tome 2 l'histoire d'amour avec Yugo qui se corrompt dans l'espoir de rejoindre Zalem, tomes 3 et 4 le Motorball. Les deux premiers tomes avaient été adaptés en deux épisodes de série animée qui l'un dans l'autre duraient cinquante minutes, même pas soixante. Le film durant deux heures, je me disais que quatre tomes c'était du coup possible, d'autant que le Motorball, exhibé dans la bande-annonce, implique bien l'ensemble des tomes 3 et 4.
Alors, les deux premiers tomes sont à peu près suivis, mais pour le Motorball ce n'est pas du tout ça. Que toute l'espèce de rapide progression de carrière d'Alita passe à la trappe, on peut comprendre, c'est une contrainte liée à la durée du film, mais là l'événement du Motorball on le fait rentrer de force dans l'histoire d'amour avec Yugo. Au départ, on ne se méfie pas, parce que le seul grand ajout pertinent de ce film au manga concerne le Motorball. Yugo et ses potes ont une piste pour jouer au Motorball en amateur, piste mal sécurisée pour les passants, mais bon ça passe. Cependant, le Motorball n'a ensuite aucune place justifiée dans le scénario du film. Alita s'y inscrit et y participe comme elle pourrait faire autre chose de ses journées. Il y a la promesse que le super champion aille sur Zalem, ce qui est un mensonge. Or, Ido, coach d'Alita, ne lui explique même pas que c'est un mensonge. On dira que si elle ne lui en parle pas c'est normal, mais moi ce que je constate c'est que, s'il y a du Motorball dans le film on peut l'enlever de l'histoire sans qu'elle n'y perde rien. Il n'est pas au centre de l'intrigue, il ne formera pas non plus une sous-intrigue dans le film. C'est juste un bonbon ajouté au scénario. Or, l'utilisation du Motorball passe à un degré supérieur d'absurdité dans ce film. Évidemment, je ne critique même pas la piètre prestation sans âme du doublage français pour l'animateur qui doit motiver le public, en présentant les candidats et en annonçant le départ... Il était mou.
Premièrement, le Motorball symbolise la devise romaine "panem et circenses" pour contenir le peuple. C'est un sport violent et mortel pour canaliser la rage des foules qui vivent au pied de la décharge de Zalem. Dans le manga, Gally y participe, mais pas par fascination. Certes, elle aime la dimension combat et compétition qu'offre ce sport, mais elle n'est pas dans l'admiration du Motorball. Ici, on a une Alita Salazar qui regarde ça avec les yeux brillants et convoiteurs d'un enfant, elle crie : "Génial ! Super !" en bonne aliénée. Deuxièmement, la foule dans les gradins est représentée comme une foule américaine type. Il me semble qu'on voit deux ou trois fois une même image caméra au sol d'un gradin avec une silhouette de fille aux longs cheveux qui brandit son petit lampion et qui regarde sur le côté si tout le monde dans le public a la même joie qu'elle. C'est nul.
Deuxièmement, les américains sont sans doute les plus proches des jeux sauvages à la romaine. Or, justement, depuis quelques années, ils animent des duels de robots, les warrobots, ça passe à la télévision. On voit Tombstone, Minotaur, etc., etc., qui se défoncent. Ce sont de gros engins et on a des pièces qui font plusieurs kilos qui volent dans la salle et qui décapiteraient des têtes si des baies en sorte de plexiglas n'avaient pas été installées. Suite à une projection, on voit parfois les animateurs se coucher sur leurs sièges, tant ils sont surpris. Ces combats montrent aussi ce que c'est que des pièces mécaniques lourdes arrachées d'un corps et propulsées à toute vitesse dans l'air. Le film offre bien l'idée de parois en plexiglas, mais rien sur le danger des propulsions, rien de l'effroi des spectateurs quand une pièce jaillit contre la protection transparente en plexiglas devant leurs yeux. On a une image d'une débilité profonde où un robot s'éclate à deux centimètres et Gally qui rit comme si c'était juste un clown qui lui avait fait signe avec un mouchoir. Même Yugo et les spectateurs autour ne sursautent pas. Quel incroyable manque d'intelligence du réalisateur ! Je n'en reviens pas.
Troisièmement, un aspect original du manga, mais difficile à faire vivre dans une bande dessinée, c'est que les spectateurs ont une connexion avec les sensations de l'un ou l'autre des participants. Il fallait de la GoPro, il fallait des séances où on montrait l'échange dynamique entre le public et les héros qu'il supportait. Ben non, rien !
Même le jeu sur le circuit aurait été plus facile à exhiber en film plutôt qu'avec les cases d'un manga. D'ailleurs, dans le manga, il y a une faille dans les règles qui fait se finir une épreuve en une sorte de gag absurde qui dédramatise complètement l'action. Mais j'arrive à la quatrième raison pour laquelle le Motorball s'inscrit mal dans le film, je pourrais rajouter des trucs, préciser, mais je ne vais pas m'éterniser. En revanche, tenez-vous bien, je mets ça dans une zone pour le spoil, mais il y a de quoi se tenir les côtes de rire...


Le signal de départ de la course n'est pas encore donné qu'Alita apprend par Ido qu'il n'y a pas de course, mais que c'est un guet-apens où tous ses adversaires sans exception ne vont que travailler à la tuer. Alors, certes, elle attrape la fameuse petite balle, mais ce sera pour s'en servir d’emblée comme d'une arme. On a une course-poursuite qui n'a rien à voir avec le jeu, juste une fille poursuivie qui doit sauver sa peau et pour cela éliminer ses assaillants. Et l'absurdité ne s'arrête pas en si bon chemin. Nouvelle communication orale, cette fois avec Yugo qui explique qu'il est poursuivi. Alita sort du Motorball poursuivie par les méchants, la bagarre continue dans la ville. Bref, le réalisateur nous a fait miroiter une compétition de Motorball avec Alita, sauf qu'elle n'a jamais eu lieu.


Passons maintenant à la critique de l'histoire d'amour avec Yugo. L'amour est immédiat, c'est un coup de foudre comme dans le manga, mais il a une coloration romance à l'eau de rose de la part d'Alita elle-même. Ensuite, le personnage de Yugo a été peu développé. Le scénario aurait dû prendre en charge de nous expliquer ses frustrations, la douleur de son passé, les raisons profondes de son rêve obsessionnel d'aller à Zalem. Tout ça passe à la trappe de manière incompréhensible. Ce n'est pas la faute de l'acteur, bien que son choix soit contestable par ailleurs, c'est avant tout la faute du scénario. Le personnage n'a aucune profondeur. La romance est insignifiante comme pas permis et du coup la fin du film n'a pas dû sembler très cohérente et très claire à tous ceux qui n'ont pas lu le manga ou qui n'ont pas vu au moins l'adaptation en animé. La subtilité du manga, c'est que le personnage a un rêve très beau, fort compréhensible, mais fait quelque chose de très laid pour y arriver. En plus, si le film fait plusieurs choix distincts du manga, il opte fort maladroitement pour un effort de rédemption. Le héros va être rattrapé par ses crimes au moment où il y renonce et veut dire qu'il arrête. Ce choix est sublime dans l'histoire du manga Last Hero Inuyashiki, parce qu'il y a des élément solidaires, un rebondissement et un vis-à-vis honteux avec un être cher qui bouleverse d'émotions, mais ici ça tombe comme un cheveu sur la soupe et ça n'implique rien dans l'évolution psychologique du personnage, comme ça ne contribue pas à rendre plus intense le broyage mécanique du scénario. C'est très mauvais comme ç'a été fait et dans ce cas-là autant s'en tenir au manga.
La romance avec Yugo a d'autres défauts. Alita est anormalement fragile, presque à buter du pied sur les cailloux du sol en s'accrochant étroitement à Yugo quand elle se promène en amoureuse dans la rue, juste après qu'elle ait récupéré un corps berserker et effectué un super combat. Mais, bon, à la limite, ça passe. En revanche, il y a un énorme problème d'immersion de nos héros dans Iron city (le nom original est Kuzutetsu de mémoire). Normalement, la ville souffre de la proximité de la décharge. C'est le monde violent des exclus de Zalem, c'est un monde de survivants. Bon, on a droit à une architecture baroque ou roccoco, un peu hispanisante pour la vieille église, etc. Les gens égaient comme ils peuvent leur réel, mais on a beaucoup de touches de couleur qui ne sont pas pertinentes au plan des effets à induire sur l'esprit des spectateurs. C'est bien trop bleu, rouge et jaune, parfois goulument vert mur, pour s'imposer en tant que cadre cyberpunk et postapocalyptique. Passe encore qu'il y ait un magnifique coin de Nature en-dehors de la ville, ville bizarrement isolée par des murs hydrauliques (???), mais le sommet est atteint quand on a des gens qui peuvent jouir des plaisirs sucrés des oranges juteuses et des barres de chocolat king size !!! Et Alita Salazar est encore une fois très mal gérée, son rôle est de vriller du regard en s'exclamant "Délicieux!" Elle n'a qu'un jour de souvenir, mais elle décrète que le chocolat est la meilleure nourriture qui existe au monde, alors que si elle ne connaît rien elle doit plutôt se promettre d'être prêtes à d'autres surprises encore plus fortes. Mais, moi qui suis méchant et à qui on a imposé la séance 3D, je n'ai pas manqué de bien regarder les visages des gens dans les scènes de foule. Purée, ils échangent avec insouciance, ce sont des gens comme pris directement dans une rue animé un jour de bonne ambiance. Même dans les rues de New York, on n'a pas une telle joie à déambuler dans la rue !? On dirait des vacanciers, des clients d'un parc d'attractions. Vous prenez Cameron et Rodrigues pour des génies, des maîtres du cinéma, eh bien pas moi !
Même dans le jeu des acteurs principaux, à la grande exception de Zapan qui crève l'écran pour l'incrustation de son visage, je ne suis pas satisfait. Ido, je trouvais qu'il jouait bien, qu'il était expressif, mais malgré tout plusieurs fois sa façon de vis-à-vis avec Alita me déconcerte, la note est fausse, je ne trouvais pas cela vraisemblable, je me suis dit que ce n'était peut-être que mon ressenti subjectif, mais au moins je n'ai pas aimé son sourire face à Gally quand il explique que Shiren l'a quitté n'ayant pas supporté la mort de sa fille. Là, je me suis dit que mon mépris pour la scène n'était pas que parti pris subjectif. L'actrice qui joue Shiren a un sacré magnétisme, mais elle a été sous-exploitée et sa fin de prestation est mal écrite. Les ajouts sur la fille en fauteuil roulant d'Ido et Shiren, je n'en parle même pas, c'est sans intérêt. En plus, même si j'ai moi-même été marqué par un apport du téléfilm d'animation en deux épisodes des nineties avec cette ancienne compagne d'Ido qui se prostitue auprès de Vector dans l'espoir qu'il tienne sa promesse d'aller à Zalem et qui finit si mal, je me suis dit que comme ce n'était pas dans le manga jamais dans le film on aurait cette scène-là. Ben tu parles, si ! Du coup, Cameron adapte finalement autant le téléfilm en deux épisodes que le manga lui-même. J'ai trouvé ça bizarre comme manque de scrupule, même si en soi je comprends qu'il soit tentant de reprendre cet ajout morbide de l'animé.


Dans l'animé, Shiren est sacrifiée et la blague de la promesse tenue vient de ce qu'elle se fait tuer et ce sont ses organes qui sont envoyés à Zalem, et on voit l'image horrible des yeux, des organes, etc. Le film fait pareil mais avec une vue frontale dans un coffre qui est moins pertinente. Avec surtout une maladresse étonnante. Les organes sont trop grands, trop disproportionnés, pour être crédibles. Juste un détail bien foutu, les ongles sont bien ceux de Jennifer Connelly, puisqu'on a eu un gros plan sur son pouce en train d'essuyer une larme d'Alita un peu plus tôt. Profitons-en pour signaler un autre défaut majeur du film. Shiren a un cerveau qu'on envoie à Zalem. Heu ? Rodrigues et Cameron ont-ils les neuf tomes du manga ? Certains croient qu'une suite se prépare, mais ceci est l'un des principaux indices qui me font penser que non.


Passons à d'autres plans de l'analyse. Pour les yeux, j'ai accepté le truc, même si Alita en ressortait moche, mais je n'ai quand même pas compris l'intérêt. Les grands yeux ne font qu'étranges. L'expressivité de ce regard, je ne l'ai pas trouvée significative au-delà du fait que leur taille s'impose à l'écran, et parfois j'ai même trouvé qu'ils avaient un air de gros ronds plastifiés inertes, notamment quand le blanc domine. Il y a plein de passages où ça jure quand même, quoi qu'on en dise pour défendre l'originalité du procédé et le côté expérimentation.
Bon, je passe sur l'adaptation qui s'éloigne du manga et qui justifie l'acquisition d'un nouveau corps plus perfectionné de berserker qui se restaure moléculairement à toute vitesse. C'était une facilité scénaristique et ça n'apporte rien.
Pour les combats, ils sont plus vifs et plus présents que dans l'animé. Les images sont peu choquantes en soi, mais le film est très violent dans les combats car il y a la détermination de tuer des personnages, y compris Alita, et il y a un motif récurrent de la violence concentrée du poing qui frappe de toutes ses forces dans le but d’éclater rapidement l'insupportable cible. En revanche, les combats sont expéditifs, peu imaginatifs et surtout sans aucun suspense, y compris quand l'héroïne a pratiquement perdu son premier corps. Normalement, la réalisation doit prendre en charge l'émotion que tout le monde doit ressentir quand une personne est en morceaux dans un combat sans issue. Ici, pas même, on sent qu'en morceaux elle a déjà une ruse pour la victoire ou qu'en tout cas cela ne va pas tarder. C'est maladroit de chez maladroit. Y compris en 3D, le poing en l'air à la face du spectateur est raté également. J'ai déjà dénoncé des images répétitives en parlant de la foule du Motorball. Lors des combats, on a des positions qui sont sans arrêt les mêmes qui reviennent, on a plusieurs fois le saut d'Alita en l'air avec ralenti qui évite des chaînes ou des projectiles, toujours la même manière de tourner en l'air. C'est ridicule, on veut faire un esprit fashion du combat ??? Faut que je relise le manga, mais j'ai été aussi impressionné à quel point dans le film on a des cyborgs qui sont réduits à l'état de buste avec la tête et le haut du thorax. C'est l'état d'Alita dans la décharge, mais elle perd son premier corps en se retrouvant comme par hasard dans le même état, et on a un autre cyborg à la fin du film qui meurt dans le même état. La répétition des mêmes images, même en essayant d'y trouver une raison symbolique, c'est pas top.
A la limite, les tout premiers combats, même si c'était expéditif, on pouvait apprécier le côté des méchants écrasés sur le sol ou contre un mur, la tête décapitée dans la surprise de la mort, ça donnait une impression trouble au sujet de l'héroïne, c'est une violence qu'on n'a pas l'habitude de voir de la part d'un gentil, mais après on a l'héroïne épique qui peut vaincre tout le monde à la fois, ce qui mériterait malgré tout un traitement autrement trépidant que ça. L’épique de la force tranquille contre tous, ça va quelques minutes, après ça ennuie.
Pour Griweshka (nom d'origine Makaku si je me rappelle bien), le personnage devient pitoyable et on perd toute la profondeur de son histoire. Il revient dans le fllm, mais ce n'est même plus de l'adaptation du manga là, c'est le retour d'un méchant quelconque pour rien. Dans le manga, on a une histoire de parasite qui s'empare des corps de cyborgs plus puissants et le drame d'un humain rejeté qui a mal tourné. Tout cela est perdu dans le film. Pourquoi dire adapter le manga avec cette perte qui n'est qu'une parmi tant d'autres ?
La fin du film est enfin lamentable, alors que le début suivait sa voie. Il aurait été si facile de donner une vrai fin à ce film. Dans le manga, soit après le tome 2, soit après le tome 4, on a une vraie fin. Ici, dans le film, l'histoire du Motorball a été déplacée, mais on ouvre sa signification, sans la prendre en charge et sans la refermer. Du coup, à la fin du film, on est toujours au début de l'épreuve de Motorball. On ne sait plus sur quoi finir : la perte d'Yugo avec le désenchantement de Zalem, l'apparition de Desty Nova, la désillusion et normalité du Motorball en phase deux de récit. Alita désormais a une raison d'aller se venger sur Zalem, elle est dans le défi, mais scénaristiquement le film n'a pas progressé, on est toujours dans l'idée qu'Alita doit faire ses preuves sur la piste, dans le jeu du Motorball, et on se dit qu'il y a toujours ces intrigues sur le champion autorisé à se rendre à Zalem. Mais, à la limite, ce n'est rien. Ce qui est complètement farfelu, c'est que l'histoire de Yugo étant refermée, il suffisait de faire un film où Alita avait tiré une leçon de cette expérience et pris des résolutions, même si ses origines demeuraient un mystère, alors que là je pense parce que le film prévoyait d’être plus long et d'en dire plus on a eu comme résidu du projet initial une mise en place du grand adversaire de la suite du manga : Desty Nova, et cela avec plusieurs ajouts au manga. On ne sait pas qui il est, on sait qu'il est présent, on voit son visage à la fin et on a l'annonce d'une confrontation entre lui et Alita. Mais c'est débile, ce film devient l'ouverture d'une saga au lieu de se clore sur ce qu'il a raconté. C'est d'autant plus débile que, si les gens supposent du coup qu'il va y avoir une suite, les éléments même qui annoncent la suite face à Desty Nova ne correspondent pas à ce qui est écrit dans le manga, ne correspondent pas à ce qui est écrit dans la suite du manga. Là, on a un Desty Nova qui est sur Zalem et j'ai aussi évoqué plus haut sur Shiren dans une zone spoiler une anomalie patente en regard d'une révélation clef des tomes 8 ou 9 du manga. Même le personnage de Desty Nova du film n'est pas cohérent face au profil qu'il a dans le manga. Pour le coup, je suis perplexe, d'autant plus que même si un jour il y a une suite là elle n'a pas du tout annoncée comme une évidence. Rien ne l'annonce.
Bref, ne faire que ce film-là avec une telle fin ouverte sur une suite à partir d'éléments qui rendent impossible le respect de la suite du manga, là franchement ça me laisse pantois.
Bref, ce film n'était que du divertissement, il n'avait pas la profondeur du manga. Lisez les neuf tomes du manga Gunnm (ce qui est une contraction pour Gun dream le rêve d'un fusil) manga qui a une fin alternative propre en queue de tome 9, car le récit reprend différemment dans Gunnm last order, mais lisez aussi Gunnm last order parce que l'histoire redevient bien avec le plus récent Gunnm Mars chronicle, car pour finir sur les défauts sensibles de ce film celui-ci dépasse de loin le manga dans l'impatience qu'il donne aux spectateurs de vouloir connaître le passé d'Alita. On n'a pas des visions aussi précises du passé de Gally dans le manga.
Enfin, pour l'anecdote, si Alita est le nom de Gally dans la version en langue anglaise du manga, le nom Alita est utilisé dans le tome 9 de la version française, je ne me rappelle plus exactement pourquoi, mais Gally doit à ce moment-là porter un autre nom...

davidson
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le 19 févr. 2019

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davidson

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