On m'avait fortement recommandé ce film, mais j'étais sorti du visionnage un peu déçu. J'avais trouvé l'histoire de cet enfant errant dans un Berlin en ruine en quête de nourriture par trop misérabiliste. Le genre du film qui te met en scène un gamin tout mignon à qui il arrive plein de malheur, tout ça pour essayer de tirer quelques larmes au spectateur sensibles. C'est un registre qui a plutôt tendance à m'agacer. Et puis quelques jours plus tard, dans un moment où je n'avais pas grand chose à glander (comme souvent), je me suis posé devant la télé sans la regarder, et j'ai réfléchi. A quoi? Tout et n'importe quoi, et je ne sais comment j'en suis venu à penser à ce film que je venais de voir. Là j'ai enfin compris ce qu'il voulais vraiment dire.
Ce petit garçon, personnage central de l'histoire est tout simplement le symbole de la nouvelle génération allemande. Celle qui doit survivre dans cet univers post apocalyptique et s'efforcer de le reconstruire. A partir de là tout prend beaucoup plus de sens. Le père alcoolique qui ne fout rien de ses journées c'est l'ancienne génération qui a mené l'Allemagne à sa perte et qui n'a plus aucun rôle à jouer aujourd'hui. Le frère, un ancien soldat de la Wermacht qui se cache de peur d'être emprisonné, c'est aussi le symbole de cette Allemagne honteuse qui craint le châtiment imposé par les vainqueurs. Quant à la sœur qui fait la pute pour les soldats alliés en garnison, on peut voir ça comme une Allemagne aguicheuse qui se montre avenante pour se faire pardonner. Quelle belle manière de se faire pardonner!
Avec cette seconde lecture qui parait assez évidente comme ça l'histoire prend plus de profondeur, et le titre prend tout son sens. C'est véritablement le début d'une nouvelle ère dans lequel l'ancien ordre (le père/le fils) est complètement renversé.
Ne pas percevoir tout de suite les vrais enjeux m'a un peu pourri le film. J'ai mis 7, mais un second visionnage avec cette clé de lecture pourrait le transformer en 8, voir 9. J'espère que cette critique tombera entre de bonnes mains et permettra à ceux qui la liront de ne pas voir leur plaisir gâcher comme le mien.