Apprenez tout sur ce film à ne surtout pas voir !

(Spoilers... mais bon, vous ne manquez rien...)

Arielle Dombasle est le premier rôle féminin de ce film !

Pourquoi je vous sors ça tout de go ? Parce que le fait que ce film soit une nullité peut être résumé par cette seule phrase, n’importe qui s’en douterait. Belmondo en premier rôle masculin... au risque de paraître peu charitable envers un acteur d’une telle gouaille qu'il a souvent porté un film pas terrible à bout de bras : Là, le désastre était prévisible, même lui ne pouvait rien faire. Déjà, rien qu’en connaissant le pitch de départ on peut avoir de sérieux doutes : Edouard, un vieil homme qui se cache dans la jungle pour fuir la justice, trouve une petite fille prénommée Lulu qui vient du fin fond de l’espace. Vous le sentez venir là, le bon film minable ?

Pourtant il commence avec de magnifiques paysages subtropicaux, une musique pas si mauvaise, on peut avoir un petit espoir. Mais dès la première minute on retombe. La première image d’Edouard (Belmondo) avec un camouflage vert, bof… Et, c’est ce qu’il s’appelle ne pas trainer : On enchaine avec l’arrivée de Lulu 45 secondes après la fin du générique, la môme étant à poil, sous la pluie, toute seule en plein milieu de la jungle. Sympa les conditions de tournage. A ce moment si on n’a pas lu le synopsis, on ne sait pas d’où elle tombe : Elle a débarqué hors-champ, et elle parle français. Elle fait tourner en bourrique Edouard livrant des explications étranges sur sa présence ici. J’imagine que c’est censé être drôle mais si j’ai ouvert la bouche à ce moment là c’était plutôt pour bailler.

Arrive alors Arielle Dombasle et, pas besoin d’être voyant, quand j’ai découvert le film il ne m’a pas fallu deux secondes pour comprendre qu’elle allait jouer dans le registre : La bonne femme pas du tout préparée aux réalités de la jungle qui va devoir être sans cesse aidée par le personnage principal blasé. Follement original non ? On l’a seulement vu dans Tarzan, L'Odyssée de l'African Queen, King Kong, A la poursuite du diamant vert, Medicine Man, Crocodile Dundee, Indiana Jones et le temple maudit et un bonne centaine d'autres films, mais je suis sûr que ce sera fait avec une originalité débordante et pas juste pour péniblement essayer d’arracher un rire aux spectateurs.

Elle s’appelle Margaux, c’est une scientifique. Mais si c’était un métier reconnu, je dirais plutôt « C’est une chieuse » vu que 95% de ses répliques ne servent qu’à râler. Elle va aller en Amazonie accompagnée d’un officier joué par Patrick Bouchitey. Les militaires ont entendu parler d’un extra-terrestre là-bas. Oui... à l’époque du film, la France était engagée dans plusieurs guerres mais j’ai du mal à croire qu’on ait pu être concerné par ce qu’il se passait au Kosovo par exemple, quand on aurait pu employer nos hommes plus efficacement à chercher un ovni au fin fond de la forêt tropicale.

En tout cas l’avion décolle, Margaux en profite pour se changer et la voilà seins nus un bref instant… bon… moi je ne m’en plains pas spécialement notez hein… mais ça n’amène vraiment rien, on a un plan de coupe sur l’avion qui décolle, ça ne découle sur aucun gag, aucune remarque… c’est purement gratuit. Je suppose que quand Philippe de Broca a engagé Arielle Dombasle il s’est dit que c’était la seule façon d’en avoir pour son argent. Le fait est que c’est ce genre de détails qui donne vraiment une impression de cache-misère, on agite ces deux gros arguments à la face du spectateur pour qu’il oublie un instant tout ce qui ne va pas dans ce film.

En tout cas, celle-ci est bientôt énervée par les militaires, arrivée en Amazonie, elle leur fausse compagnie (et ne leur laisse pas le temps de la remercier pour ça). Elle cherche un guide, trouve Edouard de passage en ville qui a confié Lulu à ses amis du village où il vit. Ce dernier, comme n’importe quel humain normalement constitué est énervé par Margaux pratiquement dès la première seconde. Donc pendant un quart d’heure de film elle s’incruste près de lui et le gonfle durant toute leur marche pour retourner au village.

Quand ils y arrivent, on continue avec le cache misère : Margaux essaie tant bien que mal de se faire comprendre à un homme du village. Le type ne vient pas de Mars, même si il ne parle pas la langue de Margaux, il lui suffirait de faire non de la tête ou quelconque signe pour lui signifier "je ne vous comprend pas". Mais non, il ne dit et fait rien, car dans la logique du film, voir Margaux s’échiner pendant des plombes, ça gagne deux minutes de film et bien entendu, c’est désopilant.

Bientôt, Margaux rencontre la petite Lulu qui lui dit sans ambages qu’elle vient de la planète Beta-Centoris, lui donne une foule de détails qui la convainc qu’elle est une extra-terrestre et lui dresse le portrait de sa planète. Puis elle le raconte à tout le village qui est passionné, et, le film gagne un point pour sa constance : Elle parle en français et tout le monde la comprend, même le gars qui ne pigeait pas Margaux toute à l’heure.

Ah et puis, dans la foulée, tout d’un coup sa voix change et devient celle d’une adulte parce que… son vieillissement s’accélère sur terre, je crois, on décroche facilement vous savez.

Au bout d’un moment j’ai fini aussi par me poser une question au passage : Après les nibards on a une vue sur le cul de Margaux, Edouard jure pas mal tout comme d’autres personnages de ce film. Donc bon, en France on est heureusement loin du point des Etats-Unis qui déconseiller un film aux moins de 13 ans au moindre « crotte » ou parce qu’on voit un bout de nichon deux secondes, mais malgré tout ce genre de détail fait que je ne classerai pas à 100% ce film dans la catégorie « film pour enfants ». Sans parler des moments où Edouard raconte sa vie passée qui risque fort de les ennuyer. D’un autre côté, il y a bien des passages vraiment trop candides pour s’adresser aux adultes. D’où mon interrogation : A qui est censé s’adresser le film ?

Ensuite bon ben la routine hein, de l’humour de bas étage et Edouard et Margaux qui se racontent leur vie et progressivement, accrochez-vous pour la révélation : Tombent amoureux. Ca va, vous tenez le choc ? Bientôt les militaires arrivent et capturent Lulu pour avoir une preuve. Celle-ci était accompagnée de Margaux mais, bien inspirés, ils la jettent à l’eau. Cela dit ils ne s’assurent pas qu’elle se noie, il y a un souci du travail bien fait qui se perd dans l’armée.

Lulu elle vieillit toujours, mais ça se limite à avoir une voix plus adulte, des cheveux gris et un très léger maquillage facial… l’effet est particulièrement ridicule mais je crois que s’ils avaient essayé de la vieillir numériquement ça aurait été pire vu le talent de nos boites de production pour foirer les effets spéciaux, surtout à l’époque. Les militaires la soumettent alors à tout un tas d’expériences mais elle parvient à s’enfuir. Edouard et Margaux lui viennent alors en aide, et après une looongue poursuite pas trépidante pour deux ronds, les autres enfants de la planète de Lulu débarquent et la soignent.

Edouard et Margaux se mettent en couple et la phrase « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » est particulièrement indiquée : Lulu dit qu’elle et les autres enfants les veulent comme parents et ils n’y voient aucune objection. A vue de nez il y a 25 gamins mais ça ne les décourage pas, gamins qui en plus n’existent pas officiellement sur terre, sachant aussi que si les militaires ont été provisoirement semés mais peuvent très bien revenir… C’est ce qu’il s’appelle ne pas s’en faire. On finit joyeusement sur toute la petite famille en route pour visiter New-York.

C’était donc Amazone un film qui -une nouvelle fois préparez-vous à un gros choc- a fait un énorme flop en salles ! Quel gâchis, hein ? En résumé : Les effets sont mauvais, les dialogues sont mauvais, l'intrigue est clichée, inconsistante, pas drôle… Il y a quelques beaux paysages mais en même temps autant regarder un documentaire. Trèèèès occasionnellement il y a une réplique sympa, grâce au talent de Belmondo notamment, mais pour la plupart des gens je doute fort que ça dépasse le sourire.

Dans le genre « Comédie surnaturelle se passant en Amazonie » tournez-vous plutôt vers Le Jaguar avec Jean Reno et Patrick Bruel. C’est loin d’être un chef d’œuvre aussi, je ne dis pas, mais vous aurez plus de chance d’y trouver votre compte qu’avec cette daube. C’est dommage que Belmondo en soit venu à tourner ça quand il aurait pu choisir de bien meilleurs projets. Un échec qui aurait du être prévu à toutes les étapes du film, qui n’aurait donc jamais du voir le jour.