Suburbia.
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Je vais finir par croire que le blockbuster américain est une source inépuisable. A chaque fois, parmi la masse de mauvais films, fabriqués à la chaîne, pour culture de masse, il y a toujours une ou deux pépites. Qu’est-ce qu’on a là ? Une famille de classe moyenne. Un père en dépression, une fille en pleine puberté, et une femme qui en a marre de son loser de mari. Quoi de plus normal ? On a déjà vu ça X fois. Là, ça marche encore une fois.
Kevin Spacey est lunatique, déphasé, mou, homme banal, énervant. Il m’a énervé, ce qui prouve que je me suis fait avoir; ce rôle a été écrit pour lui. On a un monsieur tout le monde, c’est ce qu’on a là. A côté Annette Bening semble hystérique. Elle rêve de gloire, de succès dans sa carrière, de pouvoir, d’avoir un amant.
La petite ado blonde sur laquelle phantasme le papa, c’est la copine de sa fille chérie. Classique. Les voisins sont idiots, ou exemplaires dans le registre de l’American zoo. Chacun a ses petits secrets, bien caché derrière la baie vitrée, le 4x4, le jardin bien taillé, le calme apparent. Une société en pleine crise, malgré l’illusion de prospérité. Ce n’est pas l’histoire qui emballe, elle est loin d’être originale. L’excitant c’est le tissu de relations qui naît entre tous ces personnages, et qui évolue, de façon imperceptible, et dévoile peu à peu, tout un chacun, ses faiblesses, ses gros défauts, ses vices cachés. La progression narrative, on ne l’a sent pas, c’est superbement construit.
Ils sont assez proches de nous, tout compte fait, ils nous ressemblent, ou alors nous sommes tous américains. On rêve tous du confort, de la croissance...Pourtant le réalisateur a posé un cadre plus américain, tu meurs. Un sujet américain, des codes américains, un portrait de l’american way of life en crise. Pom Pom girls, fast-food, la loose, le sexe, le péché, le match de basket, la grosse voiture, un rythme de film d’auteur, lent, et la violence, finalement. Pour conclure en beauté. Tous les éléments de la comédie dramatique contemporaine sont là.
Et le spectateur est témoin. Comme cet ado, voyeur, qui filme le voisinage avec son caméscope. Un pensionnaire du zoo, qui filme le zoo. Très drôle ce film. Un humour qui cueille à froid, très froid. Et une fin d’une force inattendue, qui éclabousse de sang le reste du film, qui lorgnait du côté de Virgins Suicide, sauf que là, on vole à quelques coudées plus haut. Et on retourne brutalement à la réalité. On prend en même temps de la hauteur. Paradoxal, mais équilibre. Mendès est arrivé à faire simple, ou plutôt à nous donner une impression de totale simplicité. Or tout ce qu’exprime les personnages est trouble, voire malsain; leurs secrets petits, ou inavouables. On dirait qu’ils sont tous en quête de quelque chose, mais on ne sait quoi, en quête d’eux-mêmes, peut-être ? Le rêve américain se délite peu à peu, et n'avait pas encore tout dit. À voir.
Créée
le 18 mai 2015
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