Dernier film de la franchise dégénérescente The Purge qui portait bien son nom depuis le début. Blague à part, ces films ont toujours baigné dans la médiocrité et une fois encore ce cinquième opus ne déroge pas à la règle. Le fait est que l’idée de base de la franchise était sympa mais que la production très classique s’inscrivait dans le genre d’une manière toute aussi simpliste. Chaque film s’est illustré d’une banalité affligeante ne rendant jamais service à un propos vraiment fort.
Et une fois de plus, on renforce le procédé de base en l’agrémentant. Ici, on met sur le devant de la scène des immigrés mexicains et on les confronte avec de sacrés cowboys blancs républicains. Pour le coup, la manière dont est développée la relation entre ces deux groupes fonctionne dans son rapport au réel et la diversité des opinions représentés. Cependant les évolutions des personnages et plus globalement le scénario s’avèrent terriblement attendus (le raciste va apprendre à plus être raciste waw je m’y attendais pas tiens donc). On sait pertinemment qui vivra et qui mourra (le vieux blanc progressiste dont la mort est l’élément déclencheur de cet union où le mexicain a qui on essaye de donner un peu de matière en le faisant tchatcher avec la Soeurette blanche mais qu’on sent venir à des kilomètres comme le faire valoir à faire canner au propice), à quel moment, et ce, parce que les film nous montre très clairement vers quels membres du groupe il compte bien s’intéresser, se focaliser. Cette osmose et cette Amérique soudée qu’on souhaite représentée dans l’union de ces deux groupes résonne de la plus belle des manières lorsque l’on voit l’association d’un réalisateur mexicain et d’un scénariste américain qui ont travaillé mains dans l’a mains dans cette production. Pour le coup, c’est un geste qui réchauffe le cœur, enclin à une certaine mélancolie et à un désir encore aujourd’hui et malheureusement assez utopiste qui touche.
Et donc ça nous donne un film pas très intéressant, cousu de fils blancs, qui a une morale juste mais qui n’est pas du tout subtile. Sans que ce soit pour autant un mal, ce côté bourrin ne peut que nous faire rire quand il ne nous déçoit pas. Malgré tout, il y a quelques idées sympathiques autour des personnages qui semble intéressantes. On a par exemple ces immigrés mexicains qui fuient les conflits pour une Amérique qui ne se montrera pas très accueillante et qui démontrera avec cette purge prolongée (éternelle) exactement ce que voulait fuir nos pauvres immigrés. Pour le coup c’est d’une ironie triste et touchante toutes proportions gardées bien sûr.
Mais donc qu’est ce que ce Purge a à proposer derrière la caméra ? Eh bien même si c’était pas partie pour être bien, c’est plutôt average finalement. En effet, même si on a une photo bien degueu en début de film jusqu’à son mixage son foiré et son illustration aussi basique qu’aucunement imposante (scène de domptage vraiment ridicule qui succède une scène d’introduction dans des sous terrains facile et décevante prétexte aux screamers poussifs), ça se bonifie rapidement avec quelques belles idées à commencer par ce générique vraiment réussi. On a aussi ce plan avec l’abaissement de store qui charme, suscite un certain intérêt technique, il y a la volonté d’identifier certaines ambiances clairement comme ces zones urbaines chaudes de rouge de vert et de jaune, cette ambiance bleu ciel dans le garage. On a une volonté d’aller chercher le plan séquence qui est vraiment bienvenue et qui promet même de beaux moments d’immersions urbaines durant cette purge. On note aussi quelques références notamment a Saw avec ce piège en début de film, qui n’est finalement pas plus exploiter que ça et cet air de road trip qui plane où on cherchera à franchir les frontières. Une belle manière de renouveler l’intrigue pour nous faire tenir les 1h50 de film mais il faut dire que ces idées sont trop sous exploitées et que mis à part un décor de purge de jour il n’y a absolument rien de nouveau. C’est dommage tant c’est pas les idées qui manquaient et qu’on avait la possibilité de renouveler la série et de proposer quelque chose de neuf. Finalement c’est la même sauce comme d’habitude, il n’y a vraiment que le 1 qui est à part avec son idée malheureusement pas assez aboutie du huis clos. Peut-être qu’une immersion événementielle de 12h en plan séquence pourrait apporter un renouveau ambitieux à la série, façon The Third Day, ce live Facebook de 24 heures qui comblait ce gouffre laissé entre les deux époques de la première moitié et la seconde de la série. Peut-être qu’il y a quelque chose à faire avec ce concept… si ça voit le jour (MDR non) vous l’aurez vu évoqué pour la première fois ici. Mis à part ça on a aussi cette idée sympa d’illustrer la vision perturbée de quelqu’un qui a pris un coup, avec cette perception troublée, classique, laide, pas forcément réussie mais ça apporte du grain à moudre au film et un p’tit coté organique.
Seulement, le film tombe dans les mêmes écueils que ses prédécesseurs. Dites bonjour aux screamers poussifs blairés à 1000km où seuls le son tente de te faire peur en te faisant perdre -12 aux deux oreilles, retrouver par ailleurs le gimmick de merde de la série qui est de créer un screamer à base d’un mec qui fait le mort mais qu’est pas mort procédé devenu trop prévisible dans la saga donc forcément ça marche plus. On a flopée des deus ex machina qui arrive toujours un tout petit peu après la guerre histoire qu’on fasse caner un zouave parce que sinon on arrive pas à créer de la tension et que c’est pas drôle snif. En conclusion, c’est le même genre de série B friquée incapable de proposer quelque chose de vraiment bon ou même de véritablement qualitatif sur tous les points. J’en veux pour preuve ces gerbées des sang numériques, ces panoramas des villes tantôt foirés quand ils sont en plein jour tantôt réussis dans la nuit bouffés par les cgi.
Donc voilà, un film qui a quelques bonnes idées mais qui ne révolutionne jamais son procédé de base et qui ressemble beaucoup trop à ses prédécesseurs pour réellement s’en affranchir malgré tous les efforts qu’il fait. C’est triste mais le film ne fait pas grand chose non plus pour briller.
Jamais aussi violent que le deux ou le trois, à la violence graphique se rapprochant plutôt des origines, c’est peut-être ça qui manque à la saga, quelque chose de puissamment viscérale.