Première claque d’Iñárritu, première réalisation et déjà il nous en colle plein la vue.
Iñárritu est un tragédien contemporain, il explore les méandres de nos destins perdus, nos esprits torturées par le mal d’amour ou le mal tout court. Un cinéma fiévreux qui nous emmène dans une sale dimension comme sous coke.
Les destins se croisent et se recoupent pour mieux se rentrer dedans, pour mieux s’abimer. Octavio est malade d’amour pour sa belle-soeur, elle-même folle d’amour pour son mari violent.
Daniel abandonne tout pour Valéria mais la vie prend une drôle de revanche. El Chivo n’attend plus rien, il vit dans la misère et les remords d’une fille perdue et pour qui il est déjà mort.
Tant de malheur et de chagrin autour de ce petit monde où les chiens sont le fil conducteur. Des chiens malmenés par les hommes, exploités ou des chiens qu’on aime par dessus tout. Cofi sacrifié pour les combats, Ritchie adorée par Valéria, une bande chiens adopté par El Chivo. Tous sont le reflet de nos états d’âme.
Gael García Bernal, à peine 20 ans, est renversant dans le rôle d’Octavio, il transpire d’amour pour Susanna, il se donne sans compter, sans réfléchir, une performance à l’instinct pur.
Guillermo Arriaga offre un scénario superbe à l’apprenti magicien et le résultat dépasse nos espérances. Du cinéma d’aujourd’hui il y a 15 ans, ça fait une sacrée longueur d’avance.
Depuis, Iñárritu et son comparse Arriaga nous ont offert « 21 grammes » et « Babel » deux films incontournables. Deux visionnaires pour un cinéma qui reste ancré dans la réalité et la misère humaine.
La BO de « Amours chiennes » est nerveuse et entraînante comme le film.
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