Andorre
6.7
Andorre

Court-métrage de Virgil Vernier (2011)

Une douane, des magasins de cigarettes et spiritueux détaxés, une station de sports d’hiver, une immense tour de verre abritant un non moins gigantesque centre de bien-être – Qui rappelle pas mal, dans son aspect secte, le Traitement de choc d’Alain Jessua. Un centre commercial géant, en gros, à l’échelle d’une ville, qui peut aussi faire écho à la seconde partie du Nocturama, de Bonello. Terre de rêve du capitaliste moderne, Andorre par Vernier fascine par son architecture artificielle, sa peuplade de touristes zombies, ces enfilades de petits plaisirs consuméristes. La succession de plans sans parole qui ouvrent le film amène à penser que Virgil Vernier en a terminé avec le plan sauvage. S’il est quasi intégralement sans parole il est accompagné d’une musique électronique, hypnotique autant qu’oppressante, assez proche des expérimentations d’Ulysse Klotz (Qui ornait déjà certaines séquences d’Orléans) ou Romain Turzi (Low Life, notamment). Un moment seulement, Vernier s’extraie de son dispositif fascinatoire et s’en va filmer un cimetière puis une adolescente qu’il a rencontrée là, pour parler du véritable Andorre, celui qui n’est plus, disparu sous le vernis touristique.


 Au-delà de la fascination que les lieux vont peu à peu exercer, comme si nous aussi étions hypnotisé par tout ce luxe de pacotille, j’ai cru un moment que le regard de Vernier pour cet environnement qu’il va dépeindre, serait un poil trop hautain, symbolisé par cette ouverture par cartons en plusieurs langues (Puisque c’est un lieu pour tous les touristes du monde entier, dans lequel personne ne se comprend) et notamment ce carton-tweet (??) qui ouvre son film : « Moi je suis allée en Andorre. Et franchement c’est super intéressant. Les lunettes de soleil sont à des prix hallucinants ». Vernier revendique clairement son attraction pour ces lieux inexplicables, hyper modernes et pourtant déjà obsolètes. C’est aussi le danger de ce genre de film, le problème d’équilibre ; D’oublier le sublime et n’être plus qu’arrogant, morbide et moraliste. C’est pas Koyaanisqatsi, mais Virgil Vernier s’en tire bien aussi. Et puis l’image est très belle. Le format 16 mm (C’est sa première incursion pellicule) lui sied bien.
JanosValuska
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le 13 juin 2017

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