Film somptueux, ouvert, magnifique. C'est une oeuvre très pure, très lumineuse - ça parle du chaos, ça parle de la foi. Ce qui est beau, c'est que la foi de Tarkovski ne se fait jamais dogme, elle irrigue tous les visages, toutes les paroles. Le film est comme une oreille dans laquelle tombe tous les sons, toutes les voix, les images. Il y a une maîtrise des symboles qui force l'admiration, mais aussi l'émotion. J'aime passionnément la dernière partie : on construit une cloche, et puis le film passe en couleur. Du noir et blanc, on bifurque sur les icônes colorées comme vestige du temps qu'investit le film. Le film se fait documentaire, témoin du présent, de ce qui reste, et de sa beauté. C'est d'ailleurs le seul moment dans le film que Tarovski filme vraiment les peintures, et c'est un geste très beau : par ce choix, on dit que la foi de Roublev avait un sens, que l'Art a un sens, puisqu'il existe et bouleverse encore. Il y a là un espoir qui se pose sur l'image : l'Art demeure, et le son des cloches se poursuit encore.