Il est de bon ton, aujourd'hui, de traîner Luc Besson dans la boue. Au point que je me demande parfois si les gens qui écrivent des "critiques" ont leurs propres convictions, ou s'ils ne répètent pas comme des perroquets les dogmes officiels. Au départ, je n'aimais pas trop le style de Besson. Mais à l'époque, de grands réalisateurs tels que Chabrol étaient encore vivants. Aujourd'hui, les grands réalisateurs français sont rares. Je m'aperçois qu'on ne voit plus grand chose d'intéressant, et même simplement de regardable depuis quelques années. Comparativement, le cinéma de Besson tient la route. Et il possède une véritable dimension artistique.
Ce film, Anna, est d'abord et avant tout un beau film. Comme on en voit rarement aujourd'hui. L'histoire tient la route (qualité rare, là encore). Le rythme est soigné, et parfaitement maîtrisé. Besson est un horloger d'une grande finesse, à ce titre. Enfin, et c'est le plus important, la mise en scène recèle une dimension humaine capable d'émouvoir. Le spectateur finit par être touché par le personnage principal, qui réussit à sortir de sa plastique froide de top-model.
Encore pour le ressentir ainsi, faut-il accueillir ce film avec l'esprit disposé, ce qui n'est pas le cas de toute une bande d'individus qui abordent Besson de façon fermée et obtuse. Tant pis pour eux.