Ma première impression est que le nouveau film de SF de Netflix, Annihilation, se situait dans la lignée de Arrival (premier contact) ou Interstellar. Ce sentiment vient du fait que la narration de ces films partent tous trois du quotidien des personnages, de leur travail, de leur passé. Autrement dit, ils adoptent un point de vue initial interne, emprunté au genre du fantastique, qui permet de rendre le phénomène extérieur (alien, etc) plus mystérieux, et de le découvrir à leurs côtés petit à petit.


D'autre part, dans ces films, en même temps qu'ils se confrontent à des pouvoirs qui les dépassent, les personnages poursuivent une quête personnelle et donc profondément humaine. La découverte de l'extérieur se mêle avec un dépassement intérieur et individuel. Cela dit, au-delà de ces similitudes, qui traduisent probablement l'air du temps et notre rapport actuel au monde, Annihilation est aussi sensiblement différent.


L'aura de mystère qui entoure le phénomène déclencheur de l'intrigue est annonciateur du genre de l'épouvante, ou, à tout le moins, du fantastique. Et effectivement, l'« inquiétante étrangeté », caractéristique du genre, est présente, mais sous une forme différente de celle de Lovecraft ou de Stephen King. Là où ces auteurs explorent généralement la confrontation au maléfique, Annihilation propose une hésitation devant l'étrange, sciemment entretenue. Ce qui est foncièrement différent de l'humain mérite-t-il notre méfiance, ou bien notre curiosité ? La bande originale se fait d'ailleurs, avec intelligence, le reflet de cette indécision. Par moments, elle est folk, douce, et plus on avance dans l'étrange, plus elle prend des accents angoissants.


De par ce parti pris particulier, le film reste volontairement dans l'inexpliqué, ce qui peut troubler. Les interprétations peuvent d'ailleurs être assez nombreuses sur le pourquoi du comment. Mieux vaut donc renoncer dès le départ à des réponses claires, et savourer plutôt, après visionnage, les hypothèses qui fleurissent quand on y repense, et les questions philosophiques passionnantes qu'il soulève.

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le 26 mars 2018

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