J’ai souvent du mal avec les films trop implicites, ayant l’impression d’avoir raté quelque chose et perdu du temps, obligé d’aller chercher des théories et des explications pour me sentir moins con. Mais bien qu’ésotérique, j’interprète personnellement le message premier de ce film de science-fiction comme une allégorie prévisible de la pullulation du virus humain, de l'aliénation civilisationnelle.


Les questionnements quant à la compréhension ambiguë laissent de toute façon place à la contemplation d’un Enter The Void, au silence esthète d’un Melancholia, à l’onirisme de Premier Contact et quelque peu à l’ambiance horrifique d’un Blair Witch. Les incohérences apparentes sont rapidement éclipsées par une photographie au filtre iridescent mêlant inspirations lovecraftiennes et psychédélisme cancérisé du dernier épisode d’Animatrix. L’absence de linéarité narrative renforce paradoxalement l’immersion dans l’étouffante atmosphère de la forêt ainsi que l’empathie avec le personnage principal incarné par Nathalie Portman (qui campe assez mal le soldat autodestructeur à mon goût).
Des mises en scène similaires aux jeux survival Stalker et Last of Us peuvent également être notées tout au long d’une œuvre aux accents natural (voire misanthropes, ou plutôt bio-centriques), jonglant entre les styles, dont le retentissant final, qui marque durablement le spectateur, n’est pas sans me faire penser à Twin Peaks et à l'esthétique de H.R Giger. A noter qu’il s’agit ici de l’adaptation d’un livre possédant deux suites.


Bémol potentiel sur la bande-son, inégale bien que composée par un membre de Portishead, ou sur le développement expédié des personnages secondaires. Rien cependant qui justifie la non-sortie de ce film alternatif dans les salles de cinéma, où il aurait pris toute son ampleur, au motif qu’il serait « trop cérébral ».


En bref, parce qu’on ne name-drop jamais assez, Annihilation, c’est un 2001 odyssée de l’espace biopunk, du Darwin sous DMT.

Romuald-Fadeau
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le 13 mars 2019

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Romuald FADEAU

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