Ayant signé le scénario de l'excellent Sunshine, Alex Garland avait prouvé en 2015 avec Ex Machina qu'il avait aussi un talent certain de réalisation. Il revient trois ans plus tard toujours sur des thématiques de science fiction avec Annihilation. La Paramount prenant ses spectateurs pour des débiles, et Garland préférant éviter les coupes, nous découvrons le film, non pas en salles, mais via Netflix.


Annihilation est un film de petit malin dont le scénario joue à fond la carte du mystère du début à la fin. Dès le départ on découvre en flash forward le personnage de Natalie Portman isolé et entouré d'hommes en blouses blanche, et qui semble aussi perdue que le spectateur sur ce qui lui est arrivé. S'ensuit sans transition un crash de météorite sur un mystérieux phare puis l'écran titre. En même pas trois minutes d'introduction le film lance donc à plein régime son moteur de questionnements sur lequel va s'appuyer la cadence du début à la fin.


Au delà de l'aspect ludique où le mystère rejoignant la quête aventureuse à la Jules Verne serait parsemé de morceaux de Predator et de film d'angoisse, le film déploie aussi une incroyable ambition scénaristique sur le thème de la vie et du soi. Il serait dommage de trop discuter la fin pour ceux qui ne l'ont pas vue mais l'aboutissement du film vaut le détour avec une scène qui se placera sans aucun doute dans les tops de fin d'année et qui marquera les mémoires.


Le film n'est pas exempt de défaut. On pourra regretter un certain débordement numérique dont la direction artistique n'est pas toujours très cohérente, d'autant plus dommage que les effets spéciaux mécaniques dans quelques scènes fonctionnent extrêmement très bien. On peut aussi noter quelques longueurs surtout dues à une digression inutile sur le passé du personnage. Ces éléments restent mineurs et ne gâchent pas le plaisir du film pour autant.


Alors que la tension entre les personnages dans Ex Machina fonctionnait surtout grâce au huis clos, Annihilation tente de nous faire ressentir cette oppression de manière opposée, la peur de l'inconnu, de quelque chose qui nous dépasse, que l'on ne peut comprendre. Finalement, le film n'est pas totalement accompli, mais l'ambition tellement louable qu'on en ressort tout de même grisé.

yhi
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le 19 mars 2018

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