Anon
5.5
Anon

Film DTV (direct-to-video) de Andrew Niccol (2018)

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Je cherchais un film Netflix qui en vaille la peine, pour voir s’ils avaient mieux que Bird Box à me proposer… je tombe sur une liste et dans celle-ci ce film « anon. » Un coup de Google et j’apprends que le réalisateur est celui du très bon « bienvenu à Gattaca. » Là, ça fait tilt, ni une ni deux je prends.

J’ai lu quelques critiques avant de commencer le visionnage, que j’ai trouvé plutôt acerbes, comme si Niccol se devait de faire des films dans le haut du panier. Je ne doute pas qu’il est perdu en superbe et je ne dis pas qu’« anon » vaut « bienvenu à Gattaca », clairement non, bien que les voitures restent un détail de choix dans les décors et que nous soyons là aussi face un film d’anticipation, mais cela ne comble pas un scénario. Pourtant, ce n’est pas un mauvais film. Plutôt un film qui demande à être compris, avec les frustrations qu’il engendre.

Pour commencer, bienvenu dans une ville qui n’a pas de nom, au ciel éternellement austère, aux rues plus vides que bondées, dans une atmosphère fade et des décors épurés. Dans cette ville sans nom, les gens sont dotés d’un programme oculaire affichant toutes informations autorisées de façon organisée sur les personnes, via la rétine et désactivable au besoin. Revoir un souvenir, téléphoner via un miroir, envoyer une archive à quelqu’un et les faire effacer, jusqu’à la possibilité d’effacer ses propres données et ne pas laisser de trace. Ce qui est une activité illégale et sera justement le pitch du film, aux allures de polar, puisque nous sommes face à une enquête.

Ce système embarqué m’a rappelé l’épisode 2 ou 3 de Black Mirror, où chacun peut enregistrer ses souvenirs et se les repasser à l’envie avec également un système d’implant. Mais là où l’épisode de Black Mirror est très parlant, bavard, le film de Niccol est silencieux, peu de dialogue finalement, certains pas forcément bien sentis, mais ce n’est pas la majorité et tout à fait acceptable, on a vu bien pire. Les interactions sont donc brèves mais rythment le film qui déroule en lenteur. On aime la fin ou pas, les dernières vingt minutes, pour ma part elle m’a suffi. Je ne pense pas que l’on devait attendre plus, ou autre chose de ce film, à part peut-être une bonne demi-heure de plus. Comme s’il manquait quand même quelque chose, même si les derniers échanges du film sont bons. Et je n’arrive pas à dire quoi, car il m’a quand même plu, il m’a raconté quelque chose, en un sens il est complet. J’avais peut-être simplement envie de passer un peu plus de temps dans cette atmosphère.

Ce vide relatif, ou plutôt cet espace laissé, me plaît parce qu’il transcrit une partie des conséquences du système embarqué de chacun. Pendant que les gens visionnent, veillent à ne pas commettre d’interdit puisque la police peut aisément les confondre en preuves, à travers leurs propres yeux, dehors pas grand-chose. Il ne se passe pas beaucoup de choses non plus au travail de l’inspecteur, chacun surveille quelqu’un ou repasse une scène de crime, du moins c’est ce que l’on se met à penser en voyant tout ces gens le regard dans le vide.

Pour reparler des personnages et du manque d’expression, outre le fait que seuls les instants charnels soient les moments où ça bouge vraiment, toutes les autres actions semblent être faite par gens assis, ne bougeant pas, se tenant bras ballants, ou pointant un flingue. Les seuls mouvements rapides de l’inspecteur sont pour se défendre des illusions piratant sa vision. Il n’y a pas de sourire, pas d’éclat de rire. Tout est sombre, terne. Mis à part peut-être le fils perdu qu’on voit regarder son père, sans sourire, mais avec un ciel à peu près bleu derrière lui et un rayon de soleil. Ce fils perdu n’est d’ailleurs pas le meilleur fil rouge qu’on pouvait espérer de la construction d’un personnage dans cette ambiance. Je n’ai pas réussi à accrocher à ce « détail. » L’acteur n’en ai pas moins bon cela dit.

En résumé, ça se regarde, en acceptant par avance une part de frustration.

Oktolibris
7
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le 26 févr. 2019

Critique lue 212 fois

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