Rhys Ifans= Dieu (petit moment de recueillement)

En revisitant le mythe de Shakespeare sous la dynastie des Tudors, le film sème le doute sur le plan historique en avançant des théories pour le moins étranges: le Comte d'Oxford, allias "Shakespeare", fils illégitime de la Reine Elisabeth, couche avec sa mère sans le savoir (Oedipe, sors de ce corps) et de leur union charnelle naît un bâtard consanguin...

Parallèlement, sur un plan littéraire, le film adopte le postulat suivant: Shakespeare, vulgaire comédien illettré, aurait profité d'une occasion en or pour apposer son nom à toutes les pièces du fameux "Anonymous", dont les vers sont tant appréciés par la Reine et par le peuple tout entier. En réalité, derrière ces chefs d'oeuvre se cache le Comte d'Oxford, incarné par un Rhys Ifans toujours aussi excellent qu'à l'accoutumée.

Malgré une temporalité embrouillée qui décourage les spectateurs les moins téméraires et qui peut inciter au décrochage, l'intrigue se tient plutôt bien. Le film, en costumes, nous permet de profiter d'un joli spectacle visuel, tout en s'abreuvant de l'accent anglais à n'en plus pouvoir. Cette pure classe qui émane d'"Anonymous" est renforcée par l'instauration d'une atmosphère très "british", servie par des acteurs à la hauteur. De plus, le film revisite les textes de Shakespeare et offre la possibilité de découvrir ce patrimoine d'une grande richesse (la tirade du bossu est simplement magique).

Des dialogues savoureux et des situations montrant la complexité des sentiments humains (envie, jalousie...) viennent rehausser cet ensemble contrasté où les décors en carton pâte et l'ambiance un tantinet farcesque font malheureusement mauvaise impression.

En conclusion, ce film, quoique déroutant et parfois confus, recèle de beaux moments d'humour, mais aussi d'émotion (notamment le face à face final entre le jeune dramaturge et le comte d'Oxford, mourant). L'aspect cheap se voit donc compensé par une construction narrative plus intelligente qu'il n'y paraît et par une vision de l'Histoire originale.
williamblake
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le 10 janv. 2012

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williamblake

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