Sorti de la déconfiture Justice League, pur monstre de Frankenstein cinématographique, Aquaman est le seul prétendant en titre pour redonner un peu de hype au DC Universe. En dix minutes à l'écran, Jason Momoa imposait son panache bestial et gobait tout le casting de cet invraisemblable accident industriel. La présence de James Wan garantissait un certain savoir-faire (Insidious et Conjuring). Défi deux-en-un pour Aquaman, puisque le personnage entend squatter un créneau que Thor a laissé vacant, depuis que le dieu Asgardien a opté pour le délire régressif (cf.Ragnarok).
Erreur, le nouveau film DC veut occuper les deux terrains, donc faire une comédie épique. Le problème, c'est qu'il n'a ni la dégaine d'un film à 200 millions de dollars ni la verve d'un Taiki Waititi. Le long-métrage se noie dans une soupe d'effets visuels indignes à tous les niveaux, qu'il s'agisse de rajeunissement numérique, d'incrustations sur fonds verts ou de la flottaison des cheveux sous la mer. Abominable. D'ordinaire, ils peuvent masquer les manques de son histoire. Ici, ils font ton sur ton avec l'intrigue transparente. Aquaman n'a strictement rien à raconter, les enjeux n'ont aucune saveur, les personnages n'offrent aucun relief (pauvre Willem Dafoe) et les saillies humoristiques font un plat.
Le film obéit à une logique en vigueur dans les mauvais blockbusters, celle des MacGuffin. En gros, nos héros doivent récupérer un objet qui doit propulser ou faire rebondir l'intrigue.
Un concept popularisé par Hitchcock (dans la plupart de ses films). Chez lui, il s'agissait d'un prétexte pour lancer une narration qui va rapidement s'en émanciper. Sauf que dans Aquaman (et dans pas mal d'autres films), c'est l'inverse. La narration est purement accessoire, et on multiplie les items à récupérer pour tenter de maintenir l'illusion de structure. Ce qu'on met entre deux MacGuffin, ce sont les scènes d'action (dont deux combats qu'on croirait sortis d'un mauvais Mortal Kombat)
Comme l'investissement émotionnel touche des abysses de nullité, on assiste à une version indigente d'un Flash Gordon sous la mer avec un total désintérêt. Il arrive James Wan tente quelques audaces formelles (transitions virevoltantes), elles sont hélas rattrapées par la tambouille de pixels. La distribution ? Jason Momoa surnage, les autres pataugent. Et la bande originale ? C'est une très bonne question, je ne l'ai absolument pas remarquée. Malgré son succès au Box-Office, Aquaman contribue à coincer DC Films dans une logique schizophrène (copier ou se différencier de Marvel ?). Ce qui achève de défigurer les bonnes intentions pour les couler dans un fourbi de mauvaises décisions.