Argo par Rym Mokhtari

Dans mon incurable naïveté, je ne m'attendais pas à ça. Comme j'en entendais parler en termes élogieux, je pensais que le film parlait de façon intelligente de l'affaire des otages en Iran. Pauvre folle.

Il ne s'agit que d'une énième ode à la gloire de l'efficacité US, ignorant royalement le contexte politique, historique, social et culturel de ce qui l'entoure. La seule concession à la subtilité étant qu'on ne nous sert pas de discours lénifiant sur la liberté et la démocratie de l'Amérique, ni sur la barbarie incurable de leurs ennemis. Pas textuellement en tout cas, parce que les images se chargent bien de relayer ce message. En fait la situation s'y prêtait parfaitement: des hordes de barbus aux visages grimaçants de haine se ruant sur les inoffensifs employés de l'ambassade (surtout qu'avec leur look seventies, il rappellent vaguement des hippies peace and love), aux cris de "USA grand satan". La situation s'y prêtait tellement, en fait, qu'on aurait pu croire qu'un réalisateur consciencieux se serait coupé en quatre pour contourner les évidences. Que nenni...

Donc un énième film de ce genre... à la différence près qu'il est étonnamment chiant. On s'emmerde grave. Les images impeccables et sobres, le montage léché et les tentatives d'introduire un peu de fraîcheur et d'humour grâce à un stratagème impliquant un pseudo-tournage de navet SF (oooh la belle mise en abyme! les représentants de la civilisation sur une planète hostile! mais c'est brillant! absolument brillant!) ne font pas oublier qu'il ne se passe pas grand chose: une opération de sauvetage qui tourne... bien.