Ascenseur pour l’échafaud tient une place bien à lui au musée du cinéma. À cause de quoi au juste? Le scénario ? Il est plutôt banal : Deux amants qui manigance le meurtre du mari et qui finalement se font prendre par l’enquêteur. La réalisation de Louis Malle? Tout aussi ordinaire, tant à l’image qu’au niveau de la direction des comédiens. Jeanne Moreau est égale à elle-même. On l’a sent vivre de l’intérieur mais impassible du visage et recto tono. Maurice Ronet manque de panache et les deux jeunes bohèmes sonnent aussi faux l’un que l’autre. Tellement que toute la trame qui les concerne manque totalement de crédibilité. Même le bon vieux Lino Ventura semble se demander qu’est-ce qu’il est venu faire dans cette galère. Que reste-t-il donc de cette œuvre ? La trame musicale signée Miles Davis, bien sûr. Au point supplanter l’action du film. Les amateurs de jazz s’entendent sur l’incidence qu’a eu Ascenseur sur l’échafaud sur le parcours artistique de Miles Davis. Le fait de partir de séquences musicales simples plutôt que de thèmes aurait inspiré la création de Kind of Blue paru en 59 et reconnu comme une œuvre phare de la musique contemporaine. Dans le cas de Louis Malle, il a 25 ans et ce film est son premier long métrage de fiction. Malgré les faiblesses mentionnées ci haut, on peut quand même percevoir chez lui une certaine audace qui lui permettra de développer son propre langage cinématographique.