~~~SPOILERISATION EN COURS~~~



Les adaptations de jeux vidéo en film sont tristement connues pour donner le plus souvent des fruits avariés. Même la dernière en date, à savoir Warcraft, est loin d'avoir mis tout le monde d'accord. L'ombre du fiasco planait donc sur Assassin's Creed comme l'aigle autour de son héros iconique depuis son annonciation.


N'ayant jamais joué à un seul volet de la saga vidéoludique d'Ubisoft, il nous faut alors miser sur le potentiel monstre de ce film, à commencer par ses acteurs : Fassbender, Irons, Rampling, Gleeson, et Williams dans un seul et même film, ça vendait du rêve. On en viendrait presque à mépriser la présence au casting de nos chers compatriotes.


Ben devinez quoi... au final, ce sont eux qui s'en tirent le mieux.


Non, je vous assure, Labed, Cotillard et Ménochet sont les seuls qui ont l'air un tant soit peu investis dans les personnages qu’ils interprètent. Parce que du reste, on ne va pas mentir… Quand il n’est pas totalement inexpressif, Fassbender ne m'a jamais paru aussi pitoyable (la scène où il éclate de rire en chantant "I'm crazy", mon Dieu...). Irons a le physique et la présence, il ne lui manquait plus que la tenue d'inquisiteur Espagnol et le tour était joué (quand on a déjà joué Rodrigo Borgia de surcroît, ça devrait couler de source) ; manque de bol, on ne le retrouve que dans dans la peau d’un énième homme d'affaires mégalomane et froid comme mortecouille avec sa scientifique de fille. Rampling joue une membre éminente d'un ordre semblable aux Illuminati, le genre qu'on avait déjà vu dans Babylon A.D. (paie ta référence) et qui limite bien l'étendue de son répertoire. Gleeson avait du potentiel mais faut-il qu'il ne se montre que le temps d'une scène ô combien clichée et téléphonée; quant à Michael K. Williams c'est tout juste s'il ne murmure pas "tuez-moi" entre chacune de ses répliques.


A côté de ça on a donc un film qui mélange science-fiction et Histoire, ce qui aurait pu s’avérer très efficace dans un premier temps. D’abord parce que les intentions des Templiers sonnent étonnement d’actualité (supprimer le libre-arbitre de tout un chacun en prétendant éradiquer la violence, ça a au moins le mérite d’être clair), ensuite parce qu’on tient un concept assez sympa avec l'Animus. Plus décoiffant que la Matrice, le programme Avatar et l'Oculus Rift réunis, le bouzin donne lieu à des scènes d'immersion plutôt réussies ; sans parler du voyage dans l’Espagne Inquisitoriale du XVème siècle, sympathiquement dépaysant. On retiendra entre toutes la séquence du bûcher, qui bien que montée et cadrée d'une façon un peu bâtarde, est plaisante à regarder pour le rythme, l'adrénaline et les cascades. Par ailleurs, si on oublie un accent espagnol à se mettre la tête dans les genoux, Fassbender est plus crédible en Assassin badass qu’en rat de laboratoire maniaco-dépressif.


En fait c'était là qu'il y avait le plus de potentiel. Même sans avoir touché au jeu, on en pige assez vite l'intérêt principal, ce qui nous fait nous sentir dans la peau du personnage de Cal Lynch : voyager dans le passé, faire du parkour, se battre comme un ninja avec un équipement d’époque high-tech, le tout à presque quarante ans... Tout cela donne fichtrement envie. Hélas ! La majeure partie du film se déroule dans le présent, ce qui passe tant bien que mal au début mais perd tout intérêt au commencement d’un troisième acte pompeux et interminable, consistant en une scène d’une lourdeur indicible où Fassbender est réuni avec les fantômes de ses confrères Assassins – sa môman en profite aussi pour lui faire un coucou d’outre-tombe – tandis que ses Yamakasis de potes flanquent la pâtée aux défenses d’une entreprise dont la sécurité devrait être la priorité numéro une. A partir de là, le réalisateur donne l’impression de prendre son public pour des ados de 14 ans en mal de sensations, ce qui ne s’arrange pas avec l’ultime scène qui ne promet rien si ce n’est une évidentissime suite qu’on avait vu venir à 50 000 km.


En deux mots, peut-être que les aficionados d'Ubisoft l’aimeront (ou pas), mais cinématographiquement Assassin’s Creed ne remporte clairement pas la palme du film de fin d’année. Cette critique aurait pu s’intituler « Le Saut de la Foire » si tant est qu’il fut au moins assez comique dans sa médiocrité pour donner envie de se moquer de lui, ce qui n’est même pas le cas. Même sa tentative malavisée d'imiter Suicide Squad dans ses premières minutes en choisissant un morceau accrocheur quoique hors-propos (Entrance Song des Black Angels, pour ceux que ça intéresse) afin de paraître plus cool qu’il ne l’est ne le sauve guère d’un plongeon dont l’impact s’apparente à un plat.


La prochaine fois, prévoyez au moins la botte de paille…

Créée

le 21 déc. 2016

Critique lue 782 fois

4 j'aime

3 commentaires

reastweent

Écrit par

Critique lue 782 fois

4
3

D'autres avis sur Assassin's Creed

Assassin's Creed
papagubida
4

Le crado des assassins

J'attendais ce film avec un succulent mélange de hâte et d'appréhension. Surtout de l'appréhension, en réalité. Et pourtant, on ne peut pas dire que je sois un grand fan de la franchise.. Pour que...

le 20 déc. 2016

56 j'aime

7

Assassin's Creed
mazthemaz
4

La légende de la boule de pétanque

Depuis des temps immémoriaux, le méchant ordre des Templiers et la gentille secte des Assassins (Notez l'inversion des codes de valeurs traditionnels => quelle audace scénaristique !) se livrent...

le 21 mars 2017

48 j'aime

7

Assassin's Creed
CrèmeFuckingBrûlée
6

Eden Apple vs Rotten Tomatoes

Parlons des blockbusters cette année. Bien entendu, les films de super-héros dominent entièrement le marché de leurs capes acidulées, allant du film d'auteur sous-estimé à la purge honteuse que l'on...

le 21 déc. 2016

48 j'aime

Du même critique

Les 4 Fantastiques
reastweent
4

L'arnaque fantastique

ATTENTION SPOILERS Je crois que si l'expression "GROS FOUTAGE DE GUEULE" pouvait être mise en images, elle ressemblerait à ce film. Le pire c'est que ça démarrait pourtant très bien : un Reed...

le 4 août 2015

47 j'aime

11

Dragons 2
reastweent
5

Du plomb dans l'aile

Comme tout le monde, j'ai adoré le premier Dragons : Cette histoire d'amitié enchanteresse (je n'en avais plus vu de semblable depuis Sauvez Willy), ces scènes de haute voltige incroyables, ces...

le 4 juil. 2014

43 j'aime

18

Le Roi Arthur - La Légende d'Excalibur
reastweent
4

Coup d'épée dans l'eau

Warner a décidément les pieds dans la semoule. Après les deux flops consécutifs de Tarzan et Pan, tous deux destinés à relancer des franchises basées sur des personnages littéraires, et alors que...

le 29 déc. 2023

33 j'aime

3