Chronique en ligne
Assassin's Creed. Le fleuron vidéoludique action-aventure de notre époque, la saga franco-québequoise, qui a battu tous les records. Il n'en fallait pas moins pour qu'en cette opportune année 2016, le septième art s'empare de ces héros de l'ombre, à l'agilité et à la classe foudroyante.
A l'origine, la constellation Assassin's Creed explore -à chaque épisode- l'Histoire d'une époque différente (les croisades, la renaissance, la révolution française, la guerre de sept ans… voir même la Russie des tsars dans certaines BD). Et le film tant attendu ne déroge pas à la règle.
Nous voilà donc transportés dans la vie d'Aguilar de Nerha, assassin de l'ordre à la fin du XVème siècle; au temps de la Reconquista Espagnole.
Sur la forme, l'univers de base Assassin's Creed est soigneusement peint. Le jeu graphique en images de synthèse (bien que modeste), une certaine authenticité historique, la recherche dans le passé pour expliquer un mystère du présent, les entrées en scène charismatiques des assassins, l'aigle symbolique, les Parkour effrénés, les rites initiatiques, le saut de la foi, le fameux crédo et son mythique "rien n'est vrai, tout est permis" que tous les joueurs de la licence connaissent… Et bien entendu la domination politique des templiers, derrière le voile d'Abstergo.
Enfin, le background autour de l'Inquisition Espagnole et le sultanat de Grenade fournit un contexte historique alléchant; mais il surpasse de loin l'intrigue à l'époque moderne.
Car sur le fond, bien peu d'explications nous sont données quant à l'intrigue sous-jacente qui entoure Cal Lynch, héros infortuné dont Abstergo explore la mémoire génétique (un autre "Desmond"). Exemples: Les antagonistes de l'histoire veulent supprimer la violence en retrouvant un artefact, soit, mais comment comprendre le pouvoir de cet objet sans avoir joué aux jeux ? Comment trouver crédible que, à des besoins de test, Abstergo laisse en liberté des dizaines d'assassins entrainés prêt à se soulever contre eux ? etc etc.
Difficile d'y retrouver les Templiers, l'organisation tentaculaire des jeux, difficile d'être empathique vis-à-vis du brave idéal millénaire défendu par les assassins.
Tout s'enchaine vite, sans articulations tangibles et sans laisser le temps de comprendre le pourquoi du comment. C'est là le principal écueil du film: il est façonné pour les joueurs de la licence (à l'inverse du film Warcraft qui, bien que truffé de clins d'œil, justifiait un scénario compréhensible à lui tout seul).
Et ce en dépit d'excellentes cascades, de duels saisissants dans l'ancienne Andalousie, de grandes séquences d'assassinats, de musiques immersives, d'un Fassbender impliqué, d'un Jeremy Irons au flegme imparable et, même, au casting français de qualité (si ce n'est la mine perpétuellement fixe de Marion Cotillard).
VERDICT:
Scénario: 2.5/5
Ambiance visuelle: 4/5
Musique: 3/5
Jeu d'acteurs: 3.5/5
Au bout du compte, une modeste interprétation de la licence Assassin's Creed. D'un côté respectueux des codes de la saga, de l'autre bâclant son histoire complexe. Le long-métrage présente une storyboard inachevée, ne donnant pas les moyens aux spectateurs de pleinement comprendre les enjeux (pourtant très intéressants) du conflit entre templiers et assassins. Comme si les scénaristes avaient eu "peur" de perdre leur auditoire en abordant les thèmes profonds des jeux.
Une très bonne initiative, mais un spectacle d'envergure moyenne, trop timide.