Près de 20 ans après sa sortie triomphale sur les écrans, "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre" reste toujours le seul exemple d'adaptation cinématographique réussie d'une BD franco-belge, et il faut se demander pourquoi...
Parce que Jamel est excellent, comme on pouvait s'y attendre au vu de ses légendaires performances sur scène, et que chacune de ses apparitions est un régal, contrebalançant impeccablement la faiblesse du duo Depardieu - Clavier ?
Parce que le "bon esprit" qui a visiblement régné au cours de l'écriture des gags et sur le plateau entre la bande de copains de ce qu'on appelait à l'époque "l'école Canal+" a empêché le film de sombrer dans la banalité crasse typique du cinéma français à gros budget ?
Parce que, au contraire, la lourdeur des moyens mis en œuvre et l'ambition d'Alain Chabat et de ses producteurs ont obligé cette fameuse bande des copains à effectuer un vrai travail d'éciture plutôt que de se laisser à leurs private jokes habituelles ?
Parce que le meilleur équivalent en 2002 du formidable humour des années 60-70 de Goscinny / "Pilote", c'était justement ce courant télévisuel-là, et que, du coup, une véritable alchimie s'est produite, court-circuitant la trentaine d'années séparant la création de la BD (le meilleur "Astérix", ne l'oublions pas quand même) de sa ré-interprétation - parfois joliment spectaculaire, d'ailleurs - à l'écran ?
Bien sûr, la succession ininterrompue de clins d’œil et de références à la télévision, au cinéma, à l'animation, à la publicité, mais aussi de temps à autre à d'autres sujets "sociétaux" de l'époque condamne "Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre" à ne plus être totalement compréhensible pour de jeunes spectateurs d'aujourd'hui. Mais le film se permet le luxe de rester toujours surprenant, avec une mise en scène qui s'autorise tout et son contraire et une drôlerie permanente, pleine de légèreté, qui fait que, contre toute attente, il vieillit bien !
[Critique écrite en 2021 à partir de notes prises en 2002 et 2009]