Astérix et le Coup du menhir par Julie Splack
Sixième adaptation animée pour le célèbre petit gaulois de René Goscinny et Albert Uderzo, combinant pour l'occasion les scénarios de deux albums, à savoir Le Devin et Le Combat des Chefs. A noter toutefois que de ce dernier, seule l'intrigue concernant la folie de Panoramix à été retenu, écartant ainsi celle du duel entre les chefs de village. Astérix et le coup du menhir se concentre ainsi sur le personnage manipulateur et véreux du devin et son influence sur les villageois, ainsi que sur l'inaptitude totale de Panoramix à préparer la potion magique, le pauvre ayant reçu un menhir sur la figure. Priver de leur druide et de leur précieux élixir, les villageois perdent confiance et tombent sous l'emprise du faux-devin qui profite de leur crédulité, sans parler des romains qui voient là une occasion en or pour passer à l'attaque. C'est un climat assez froid, tendu et inquiétant qui règne dans le village de nos irréductibles gaulois, apparaissant même ici comme faibles, naïfs, sans-amour propre et désolidarisés. Une ambiance sombre et psychédélique assez déstabilisante et inhabituelle pour une aventure d'Astérix, qui sont d'ordinaire plus légères et bon enfant. La faute peut-être au choix des deux albums, car même si leur combinaison scénaristique se fait sans accroc, le long-métrage peine à trouver son rythme et ne rend pas vraiment justice à ses personnages principaux. A l'instar d'Astérix le Gaulois, l'intrigue se déroule uniquement dans le village gaulois et le camp romain voisin, et met en scène un Astérix et un Obélix presque amorphes et dénués d'humeur, loin de leurs virevoltantes aventures d'antan. Rajoutons aussi qu'il manque à cet adaptation l'humour potache et satirique propre à l'univers d'Astérix, et que l'on retrouve finalement trop peu ici. Toutefois, Astérix et le coup du menhir parvient à amuser à travers les délires de Panoramix et ses expériences sur un pauvre romain malchanceux, qui permettent au passage de se donner une vague idée de ce que peut donner la consommation de champignons hallucinogènes. Burlesque, absurde au possible et réjouissant. Faut dire aussi que le doublage de Panoramix, réalisé par Henri Labussière, est vraiment formidable, puisqu'il apporte à son personnage autant de sagesse que de folie et de bêtise. Toujours du côté des doubleurs, on retrouve Roger Carel et Pierre Tornade, qui prêtent une nouvelle fois leur voix à Astérix et Obélix, avec en prime celle de Marie-Anne Chazel pour Bonemine. On notera aussi que l'animation a gagné en fluidité, et les dessins sont réellement de qualité, avec des teintes assez sombres, s'accordant ainsi avec le ton du long-métrage. La BO est également réussit, avec une chanson-thème aux sonorités pop-rock efficaces, et d'autres très beaux thèmes, doux et pleins de charme. Il s'échappe même d'Astérix et le coup du menhir un peu de poésie, à l'image de la dernière scène où le légionnaire romain prend son envol et ainsi, sa liberté. Une adaptation qui se démarque clairement des précédentes donc, avec un univers plus sombre et sérieux qui risquerait de refroidir les puristes et inquiéter les enfants. Alors on adhère ou non, mais il faut quand même reconnaître à Philippe Grimond une certaine audace vis à vis de cette prise de liberté, dévoilant une réalisation finalement assez personnelle.