Wiseman nous offre ici, comme à son habitude, un bel exercice de style, une immersion-fleuve passion

Ce n’est pas la première fois que le documentaliste Frederick Wiseman s’intéresse à l’éducation. Dès son second film, il s’intéressait à l’enseignement secondaire avec High School (1968) et 25ans plus tard, il réitérait avec un lycée alternatif qui enseignait principalement aux élèves d'origine hispanique ou afro-américain avec High School II (1994).


Comme son titre nous l’indique, At Berkeley (2014) nous entraine au cœur de l’université de Californie à Berkeley, l’une des plus sélectives et prestigieuses au monde (500 hectares pouvant accueillir jusqu’à 40 milles étudiants, c’est littéralement une ville dans la ville). Une immersion de plusieurs mois, le temps d’un semestre, dans une institution qui a la particularité d’être publique, contrairement à bon nombre d’autres institutions US. Bien évidemment, ce statut nécessite une responsabilité vis-à-vis de l’état américain et les contraintes budgétaires y sont nombreuses. Le réalisateur nous donne d’ailleurs bien souvent l’occasion de suivre de l’intérieur des conseils d’administration où sont évoqués divers sujets tels que les restrictions budgétaires ou encore maintenir les emplois (tout en ayant le risque de voir partir ses meilleurs professeurs dans d’autres universités, là où ils seraient bien mieux payés).


Le film nous rappelle aussi une triste réalité, celles d’étudiants qui n’ont d’autres choix que de recourir à un (voir des) prêt(s) étudiant(s) (s’endettant pour plusieurs décennies) pour payer leurs études alors que dans d'autres pays les universités sont gratuites, certains de ces jeunes mettront toute une vie pour rembourser. Il était important de nous le rappeler car Berkeley fait figure d’exception avec son ouverture aux classes défavorisées et son système de bourse, malgré la baisse constante des budgets alloués par le gouverneur, les dirigeants se démènent pour maintenir cette exception.


Un documentaire extrêmement riche (parfois trop et où il nous arrive de ne pas toujours tout comprendre), d’une durée de 4h, à travers lesquelles le réalisateur nous entraine aussi bien à l’intérieur des salles de cours que des salles de réunions où l’administration et les enseignants débrief. L’épée de Damoclès au-dessus de Berkeley menace de la fragiliser avec le désengagement de l’état qui viendrait ruiner ce pourquoi l’institution se bat farouchement depuis 1868. Wiseman nous offre ici, comme à son habitude, un bel exercice de style, une immersion-fleuve passionnante.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger


Film vu dans le cadre d’une intégrale « Frederick Wiseman »

Créée

le 30 mars 2021

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RENGER

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