Un film cousu de fil blanc qui, si on le voit comme un conte de fées moderne, est plutôt plaisant.

Le sujet et le casting étaient appétissants. Mais Ludovic Bernard annihile tout réalisme avec un script rempli de facilités et d’événements bien trop beaux pour nous paraître potentiellement plausibles. Jusqu’au compte à rebours final vraiment trop poussif et exagéré pour parvenir à complètement nous emporter dans son tourbillon d’émotions. « Au bout des doigts » souffre d’un scénario bien trop rocambolesque et cousu de fil blanc, à la limite du niais. Mais, si on prend ce joli film sous le prisme du conte de fées moderne et qu’on ne s’embarrasse pas des invraisemblances et du côté sentimentaliste et rêveur de l’ensemble, la mayonnaise prend et on passe un bon moment. On ne voit pas le temps passer et c’est le parfait remontant fait film.


En revanche, il faut tempérer l’interprétation. Si Kristin Scott Thomas rentre avec brio dans les habits d’une professeure de piano à priori rigide mais au final chaleureuse, Lambert Wilson a bien du mal à se dépêtrer de répliques trop écrites et qui sonnent faux. Un peu comme le jeu de Jules Benchetrit. Le garçon a du potentiel et du charisme, c’est indéniable. Mais son interprétation d’un délinquant n’est pas crédible et son jeu n’est pas toujours juste, un peu forcé par moments même. Mais loin d’être un mauvais acteur, on le découvre tout à fait magnétique lorsqu’il s’agit de jouer le jeune amoureux transi et le professionnel enfin accompli. Son incarnation d’un pianiste des cités n’est donc juste pas assez dirigée ou c’est la phase de casting qui n’a pas été bien menée. On a donc hâte de le découvrir dans un autre registre qui lui correspondrait mieux.


« Au bout des doigts » manie parfois aussi l’ellipse maladroitement et on a du mal à croire à ce jeune venu de nulle part que l’on présente à un grand concours de musique international. Et, en dépit d’un déroulement prévisible du début à la fin, on rentre dans le film avec plaisir, comme dans des chaussons. Certaines séquences sont même très réussies comme l’incursion chez l’épouse du directeur joué par Wilson, qui fait froid dans le dos et mal au cœur. Et les passages au piano bien sûr, qui sont fidèles à ce qu’on attend d’eux. Les moments attendus et tout le défilé de clichés qui vont avec sont emballés dans une mise en scène élégante et un sens de la dramaturgie plutôt bien négocié. Alors finalement, c’est plutôt une bonne surprise de voir un film avec autant de petits défauts s’avérer aussi plaisant à visionner. A voir si l’on est d’humeur tolérante et le cœur ouvert sans cynisme aucun.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 28 févr. 2019

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Rémy Fiers

Écrit par

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