Environ dix minutes de lumière , les premières malheureusement, et puis le trou noir... Où quand le seul intérêt du nouveau film de Clint Eastwood, se résume à la délectation d'une introduction, reproduction fidèle du cataclysme engendrée par le désormais populaire Tsunami.
Véritable phénomène apocalyptique dans toute sa splendeur symbolique, cette catastrophe naturelle est ici prétexte à une longue ( environ 2H00) interrogation métaphysique, sur le devenir de notre substance après la mort.

L'effet de vague passé, nous suivons les pérégrinations d'une rescapé française ( Cécile de France), qui a pu quelque instants arpenter les chemins de l'omniscience au travers d'un passage de l'autre côté (comme ils le disent), lors d'une noyade qu'on lui aurait pourtant cru fatale.
Dès lors, la jeune femme entreprendra une quête de l'au-delà afin d'élucider la question que tout le monde se pose en ce bas monde , mais bordel qu'est qu'il y a après ???

Pour tenter de rationaliser le propos et d'apporter au spectateur matière à son fantasme d'un probable eden, Eastwood nous propose de suivre en parallèle, le chemin d'un personnage atypique, George. Incarné par un Matt Damon qui tient au passage le film à bout de bras ( et oui la muscu ça sert !), ce dernier emprunt de don de voyance, possède la faculté de communiquer avec les morts.

La mise en relation de ces deux perceptions n'opère jamais et tend le film vers une caricature, qui à défaut de pouvoir s'interroger avec pertinence sur un sujet qui nous fascine tous, tombe dans une mièvrerie des sentiments.
Et c'est à contre propos que le romantisme, dissimulé jusque là dans la botte du scénariste, finit par ressortir, comme une récitation hollywoodienne, lisse et sans supplices pour nos cerveaux, structurant tranquillement une intrigue, qui trahis la mort pour la vie, que dis-je l'Amour !

Un contre-pied inattendu et assez déplaisant, au-delà du topique de base, comme l'aveu inconscient d'un échec, faillite du film dans sa recherche d'une réflexion pertinente sur la question de la vie après la mort.

Une erreur fatale pour cette fiction qui en partant d'une base réaliste et authentique ( le tsunami), tente de se muer au travers de l'art divinatoire, faisant basculer le long métrage dans le conte de fée.
La preuve que Clint Eastwood maîtrise mieux les arcanes de la réalité, là où tout son cinéma prend sens, que les méandres de l'imaginaire dans lequel le film et son réalisateur se sont perdus. Dommage !
boudanight
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le 20 mai 2011

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