A travers le regard de Batlthazar, un âne qui va voguer de propriétaire en propriétaire dans la France rurale des années 60, cet animal va voir le mauvais côté de l'Homme.
J'ai bien aimé ce film, mais il faut préciser qu'à l'instar de plusieurs films de Bresson, l'austérité est reine ; on est dans une certaine droiture, les acteurs semblent souvent réciter un texte, l'action semble fausse ... mais il s'y dégage une atmosphère, une ambiance à laquelle j'adhère.
C'est un cinéma d'une grande sècheresse, à l'image des sentiments où ce pauvre âne se fait taper par un voyou des villes (et qui porte un blouson de cuir), se fait fouetter pour avancer et, à travers lui, on voit combien l'homme peut être méchant.
La seule personne douée d'humanité est Marie, jouée par Anne Wiazemsky. Il est à noter que cette dernière fera carrière dans le cinéma (puis dans la littérature) à la suite de ce film, en plus de devenir pour un temps la compagne de Jean-Luc Godard. Pour son premier rôle (elle doit avoir 18 ans), elle dégage un certain naturel qui lui donnent une apparence quasiment virginale.
D'une certaine manière, on peut y voir une symbolique religieuse dans ce film, avec l'âne qui serait Jésus qui revient sur Terre, et le prénom de Marie n'est pas dû au hasard, car elle est la seule qui a de l'affection pour cet animal.
Si la violence sur l'âne est quasiment hors champ, les dernières minutes sont réellement poignantes, tel Jesus qui monterait au ciel entouré d'agneaux. Quand je disais que la métaphore religieuse était là...
J'ai peut-être moins aimé ce film de Robert Bresson que Mouchette ou Un condamné à mort s'est échappé, mais par le message souterrain qui trouve, ça reste intéressant.