Chronique d'un film que je n'aimais pas par avance

Lorsque je vis la bande annonce présentant Au nom de la terre, je ne pus m'empêcher de penser que j'allais, de fait, détester le film. En voyant Guillaume Canet grimé d'une calvitie jouant le rôle titre dans ce qui semblait être l'énième descente aux enfers d'un paysan filmée de manière inintéressante et inoriginale. Et la surprise ne fut, hélas ! pas au rendez-vous.


Ainsi, la mise en scène se veut d'auteur, avec des plans de paysages. Mais est-il nécessaire de filmer le paysage lorsque ce n'est pas nécessaire ? Elle se veut épique avec un Canet en mauvais cow-boy qui admire son domaine nouvellement acquis, fièrement accosté sur son cheval. Elle se veut tragique, enfin, mais transmet difficilement des émotions avec des plans qui ne respirent pas.


Certes, l'aventure est louable : Notre réalisateur souhaite nous conter l'histoire de son père. Hélas, réalisateur il ne l'est pas et cela se voit. D'autant plus que ce film souffre de la comparaison avec de plus proches pépites (Bélier, Petit Paysan...) qui nous montrentdes destins tragiques sans nous tirer dans le pathos, qui sont moins tire-larmes.
Finalement, ce long-métrage eût pu être de bien meilleure facture avec un autre réalisateur aux manettes.


Je ne puis lui mettre une note inférieure à la moyenne pour la simple raison qu'il est totalement porté par ses acteurs, impériaux. A commencer par le jeune et talentueux Anthony Bajon que je trouve admirable et très juste. Il y a la belle Veerle Baethens dont j'ignorais qu'elle parlât si bien français (ha là là, ces flamands qui ne veulent pas parler français quand on est sur leur territoire mais qui s'avèrent d'excellents locuteurs de notre langue !) et qui incarne parfaitement une femme de l'ombre qui porte pourtant, tout autant, le poids de l'échec de l'exploitation agricole. Enfin Guillaume Canet qui, à part quelques plans assez agaçants, joue assez juste.


Mais là où le filme fait sa plus grosse erreur selon moi, c'est qu'il ne veut jamais présenter un ennemi. Dans Mjolk, la guerre du lait, la coopérative est présentée comme une mafia, dans petit paysan c'est l'Etat qui fait semblant d'agir pour les éleveurs en cas d'abattage mais qui ne fait rien d'autre qu'éradiquer un troupeau de bêtes au moindre risque. Là, le paysan est très clairement victime de la libéralisation de l'agriculture avec des prix qui dépendent des cours, du capitalisme sauvage qui place les paysans comme des investisseurs, des entrepreneurs. Mais jamais ce film ne va dénoncer cela, il se veut trop propre, trop familial. Trop larmoyant.

LeContemplateur
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le 12 oct. 2019

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