Au revoir la haut, bonjour au cinéma français qui fait du bien

Ma rencontre avec "Au revoir la haut" était tout bonnement inattendue, pour comprendre cela il faut revenir quelques mois en arrière lorsque sur un coup de tête je décidais d'aller voir le film "Seven Sisters" qui en passant était tout sauf le bon film que j'attendais mais le bon côté dans cette déception c'est que grâce à ça j'ai pu tomber sur la bande annonce du dernier film de Albert Dupontel que je critique ici même et si la bande annonce m'avait charmé le film que j'ai été voir aujourd'hui m'a rendu amoureux quand bien même celui-ci ne vise pas la perfection (car rien ou très peu de choses sont parfaites en ce monde) il a quand même fait rien de moins que de me redonner confiance envers le cinéma français d'aujourd'hui et c'était quasi obligatoire pour moi d'écrire une critique sur ce film qui est à marquer d'une pierre blanche dans le cinéma français.
Pour ca je vais m'articuler autour de 3 points : Le scénario, la réalisation du film et enfin les personnages ainsi que les acteurs qui les campent.

1/ Le scénario :
Pour commencer il faut bien entendu parler du scénario et de mon avis sur celui-ci, je ne perdrais pas de temps à réécrire celui-ci et reprendrais simplement celui que l'on peut trouver sur le site de Allociné pour que vous ayez un résumé simple et concis du film que je vais traiter ici : Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l'un dessinateur de génie, l'autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l'entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire.. Ici le film part d'un point de départ assez simple qui va très vite se complexifier au fil des minutes avec des problèmes familiaux, des tensions mais aussi des retournements de situations plus ou moins inattendus (mention spéciale au twist final qui utilise à merveille la technique de foreshadowing) et le tout fonctionne parfaitement il faut bien le dire, pas une seconde durant le film je me suis ennuyé sur mon siège car l'histoire nous emporte et nous captive du début à la fin avec toutes ses ramifications qui se rejoignent dans un final qui d'une part se valait prévisible et d'une autre imprévisible (à noter d'ailleurs que celui-ci explique le titre du film d'une manière poétique et dramatique) malgré tout quand bien même on s'attend à certains dénouements la réalisation sublime nos attentes même si bien entendu la réalisation seule ne serait rien sans les acteurs qui campent les personnages du film !

2/ Les personnages :
En revoir la haut ne serait rien sans ses personnages ça c'est une certitude ou du moins 3 de ses personnages qui subliment à eux seul le scénario et son esthétique je parle de : Edouard Péricourt (Nahuel Perez Biscayart), Albert Maillard (Albert Dupontel) et Pradelle (Laurent Lafitte) et de leurs personnalités uniques. En effet chacun apporte sa pierre à l'édifice d'un film qui nous fait passer par toutes les émotions. Chacun des personnages est un anti-héros qui tente d'arnaquer plus ou moins l'Etat et pourtant on s'attache tellement fort à chacune de ces personnalités hétérogènes (mention spéciale au personnage de Pradelle, sombre connard à la répartie piquante et acerbe qui malgré tout m'est apparu comme un personnage extrêmement touchant et intéressant et qui de plus balance 90% des "punchlines" du film). On peut aussi parler du personnage de Albert Dupontel qui se trouve être le plus attachant de tous et qui mène ce récit de bout en bout avec une certaine candeur car même si le personnage s'adonne à une arnaque d'envergure il garde malgré tout cette timidité et cette inconscience qui nous pousse à nous attacher à lui et à le prendre en pitié dés les premières minutes du film. Seul petit bémol dans ce trio et sur ce plan la : Edouard Péricourt blessé de guerre ayant perdu l'usage d'une partie de sa bouche et obligé de se cacher derrière des masques tous plus farfelus les uns que les autres et qui m'est apparu un peu plus vide que les autres personnages et qui nous donne malheureusement du mal à s'attacher à lui même lorsque /Spoiler\

Celui-ci décide de se suicider en sautant d'un batiment après avoir reçu la reconnaissance de son père à la toute fin du film

Même le film ne lui rend pas hommage une seule seconde ce que j'ai trouvé vraiment très triste.Malgré tout le personnage joue un rôle énorme au niveau de la réalisation et de la mise en scène ce qui efface directement son personnages un peu vide.

3/ La réalisation du film :
Un autre point fort de "Au revoir la haut" c'est sa réalisation léchée et parfaitement bien pensée ! Et si le personnage de Nahuel Perez Biscayart y joue un grand rôle c'est tout simplement parce que les masques différents que celui-ci porte tout le long du film symbolisent à eux seuls chaque parti pris dans la réalisation ! Portant tantôt un masque triste lorsque le moment est dramatique, tantôt souriant quand tout se passe bien ou bien un masque de professeur un peu fou lorsque nous est présentée l'entreprise folle que celui-ci prépare ou encore un masque d'oiseau à la toute fin du film (se référer à la partie spoiler pour comprendre pourquoi) chaque masque joue un rôle important et s'inscrit dans la réalisation nous préparant à la suite du film sans nous en rendre compte.
La manière de filmer est elle aussi parfaite, les plans de clairs/obscurs ou les jeux de miroirs sont juste magnifiques et certaines scène donnent l'impression d'être tout droit sorties d'une bande dessinée ou de l'imaginaire d’un enfant de 10 ans par leur aspect irréaliste et loufoques ce qui donne un charme d'autant plus fort au film et une patte artistique d'autant plus unique.

Conclusion : Au revoir la haut est un film qu'il faut avoir vu dans sa vie que l'on aime le cinéma français ou non, son univers et ses personnages haut en couleurs ainsi que son scénario captivant en font un film unique et rare comme on en fait plus à l'heure actuelle du moins en France alors quitte à choisir oubliez "Coexister" et "Épouse moi mon pote" et prenez en plein les yeux et la tête avec un film qui va vous offrir plus que quelques rares passages de rires faciles.