Connaissez vous le fan service ? Que ce soit dans le jeu vidéo, les romans, les films, les séries ou encore les anime le fan service est présent partout et devant nos yeux dans chaque aspect de la pop culture ou presque. Celui-ci peut se matérialiser de différentes façons plus où moins bonnes que ce soit dans la sexualisation d'un personnage ou encore simplement en réalisant les fantasmes scénaristiques des fans de l'oeuvre.


Parmi les bons exemples on peut par exemple penser à Metal Gear Solid 4 de Hideo Kojima qui parvient à intégrer ce fan service de manière certes lourde mais intelligente et bien implémentée au scénario qu'il suivait depuis des années ainsi le joueur n'a pas simplement l'impression d'être pris pour un idiot a qui on donne une sucrerie pour faire apprécier l'ensemble mais se voit pris dans une continuité logique qui vient satisfaire ses potentielles exigences ou fantasmes.
Autre oeuvre qui parvient à intégrer ce fan service de manière non seulement parfaitement maîtrisée mais aussi intelligente et percutante : Danganronpa 2 de Kazutaka Kodaka avec son twist final qui vient titiller nos souvenirs et nous détruire avec un twist final encore jamais vu avant et même depuis lors. Malheureusement ce fan service est parfois très mauvais et même insolent et vulgaire pour le spectateur ou la spectatrice je pense notamment au fan service issu des mangas ou animes sexualisant de manière vulgaire des personnages parfois représentés comme des mineurs et ayant pour seul but de titiller les hormones au détriment de créer une oeuvre un peu plus profonde que ça, mais le mauvais fan service ne se situe pas que dans cet exemple et on peut aussi trouver de mauvais fan service sans la moindre sexualisation quelconque.. C'est le cas de Travis Strikes Again jeune spin-off / prologue de No More Heroes 3 car oui si vous lisez cette critique sachez que le 7 que vous voyez et faux.. ou presque. Et pour comprendre pourquoi, parlons aujourd'hui du dernier né de la licence No More Heroes.


La petite caravane dans la prairie :


Ce TSA (Appelons le comme ça pour aller plus vite) nous replonge dans l'univers de No More Heroes à nouveau 10 ans plus tard alors que notre cher Travis Touchdown tente de laisser derrière lui son passé d'assassin et de se poser à l'écart de la société loin de tout pour se ressourcer un peu mais comme on s'en doute les choses ne vont pas rester ainsi et alors que notre héros continue sa vie tranquillement le père de Bad Girl jeune tueuse de No More Heroes 1 que Travis a tué par le passé vient venger sa fille et éliminer celui qui a mit fin a ses jours sous l'identité de Badman en référence au pseudo de sa fille. Au terme d'un combat qui vient hérisser tout nos poils par son côté ultra badass et méta ( C'est cadeau : https://www.youtube.com/watch?v=Ch_2MBzfmXY ) Badman se rend compte que Travis possède la Death Drive Mark II une console légendaire et mystérieuse ayant selon la légende le pouvoir d'exaucer n'importe quel voeux si on réunit et termine les jeux des 6 Death Balls (des boules servant de disques pour la console. vous avez dit Dragon Ball ?).
Réalisant qu'il peut ramener sa fille grâce à la console Badman décide de s'allier avec Travis afin de terminer les 6 jeux. Travis de son côté décide de s'allier avec lui car Badman n'est autre qu'un joueur de baseball mondialement connu que celui-ci admire énormément il accepte donc de l'aider et de se racheter pour sa fille. Sauf que la DDM II cache un autre secret beaucoup plus sombre qui pourrait semer le chaos et la mort si le duo va jusqu'au bout..


Comme pitch de départ ce nouvel épisode de la licence semble plutôt prometteur et à l'air de briser une fois de plus le quatrième mur à tour de bras ainsi que la pop culture avec lui, malheureusement c'est la que le rêve se brise un peu car bien loin du système d'un No More Heroes classique on se retrouve ici la plupart du temps face à un beat them all basique en 2D/3D qui vient de temps en temps briser les techniques et les mécaniques mais sans réellement aller plus loin.


On se retrouve ainsi face à 6 jeux aux univers assez différents rendant hommages aux plus grandes œuvres du jeu vidéo que ce soit Resident Evil, Street of Rage ou même à des oeuvres totalement inattendues de son créateur : Suda 51 ne soyez donc pas étonnés si certains jeux ou dialogues vous font penser à d'autres choses c'est tout a fait normal et c'est la la méthode de celui-ci, briser le quatrième mur pour se moquer du joueur, de lui même ou de l'industrie du jeu vidéo en général le monsieur se considérant comme une sorte de punk de l'industrie et ne se retenant pas pour choquer ou briser les codes que les joueurs connaissent comme il a très bien pu le prouver avec la fin de Super Fire ProWrestling 3: Final Bout ou le personnage ayant gagné le championnat se suicide après s'être fait quitter par sa femme. Cette fin brutale et inatendue pour le joueur de l'époque a provoqué un torrent d'insultes et même des menaces de morts envers Goichi Suda et montre bien l'état d'esprit du développeur de No More Heroes et cette patte propre à Suda 51 de son pseudo et qu'il continue de tenir dans Killer 7, Killer is Dead ou Shadow Of The Damned allant toujours plus loin dans un délire réussi et assumé qui fait du bien tout le long.


Mais alors qu'en est-il de TSA ? Et bien que ce soit dans le scénario ou son délire général on ne retrouve pas entièrement cette patte propre au développeur et ça fait mal, certes les fans y trouveront leur compte sur certains aspect fan service mais les nouveaux resteront grandement sur leur fin rejetant le jeu et on ne pourrait leur en vouloir, le délire de Suda 51 est ici aseptisé comme si il était passé dans un filtre du bon sens et de la normalité qu'on peut voir en grande partie dans l'industrie du jeu vidéo on en vient parfois à se demander si Suda 51 a été libre durant le projet ou si il a dû se contraindre à certaines exigences, le tout est pourtant d'autant plus étrange que le jeu est développé sous Unity et distribué par Devolver soit THE développeur adhérant totalement à cette mentalité "punk" folle et irrévérencieuse et même si 2 ou 3 passages viennent remonter la hype au plus haut (spécialement dans le dernier jeu et à la toute fin du jeu) on a plus l'impression de se retrouver face à un fan game tentant de faire du Suda 51 qu'à une véritable oeuvre du développeur qui en avait pourtant encore dans le coffre avec Let It Die niveau folie et patte artistique propre et ce malgré ce perpétuel brisage du quatrième mur et les références aux autres jeux. Mais ou donc pêche TSA dans ce cas la ? Pourquoi la flamme n'est pas la ? La réponse se trouve dans le titre ; Dans sa technicité.


Plus de héros :


TSA pèche par sa technique c'est un fait dont l'on se rend très vite compte, l'ensemble du jeu comme je l'ai dit est basé sur une sorte de beat them all sans cesse modifié et repensé, l'idée semble bonne et donne vachement envie mais comment est la réalité ? Et bien... Dure très dure même car si le premier jeu nous captive et semble tenir un rythme intéressant sans réelle limite tout du long (si ce n'est sa potentielle répétitivité) le deuxième jeu nous montre tout de suite les premières limites de Suda 51 et de ce conflit entre techniques et limites car alors que le second monde mélange le puzzle game et le beat them all (ce qui en soit et innovant et intéressant) on se rend compte très vite au septième puzzle que le tout vient briser le rythme et ennuyer le joueur la ou on est sensé passer un bon moment pourtant on ressent la volonté de Suda de créer de la nouveauté dans son genre mais celui-ci se perd avec certaines choses qui n'ont pas à être la comme cette tête qui vous poursuis et vous one shot au moindre contact augmentant la difficulté pour rien.


Et il en va de même pour les autres jeux de la DDM II que je ne vais pas critiquer en détail pour ceux qui voudrais la surprise de découvrir leur genre et la manière dont Suda 51 est parvenu à s'approprier les codes mais à chaque fois on se retrouve confronté à des limites qui viennent casser le tout ou même viennent décevoir dans le cas de certaines idées (Je pense notamment à Killer Marathon qui au final va servir de DLC dans les mois à venir) la ou on devrait passer un bon moment fun et jouissif.


Après, tout n'est pas a jeter dans ce TSA et certaines bonnes surprises viennent exploser la hype du joueur et surtout celle du fan du travail du développeur je pense notamment au jeu Serious Moonlight (Massive Spoiler /!)


Qui est en réalité la suite cachée de Shadow Of The Damned autre jeu de Suda 51


Ces fulgurances dans l'inventivité viennent montrer que le talent de son développeur est toujours présent et qu'il parvient toujours à surprendre le joueur la ou il ne s'y attends pas.
Malheureusement le tout n'est pas suffisant pour excuser un final poussif, répétitif, lent et ennuyant qui récompense malgré tout d'une certaine bonne manière les fans de la première heure mais cela ne suffit pas.


Heureusement un aspect technique du jeu parviens à remonter le niveau de plaisir que prend le joueur que je suis et c'est la partie Visual Novel du jeu car entre chaque jeu terminé on nous demande de monter sur notre fidèle moto (référence à Akira bien sûr) pour suivre un scénario déjanté tout droit tiré de l'esprit de Suda 51 comme on l'aime, le tout présenté avec les graphismes de nos plus vieilles consoles et autant dire que ça fait du bien de retrouver ce grain de folie propre au développeur, certes pas sous la forme d'une phase jouable mais à travers des lignes de textes et de dialogues bien piquantes et intéressante, si bien qu'à terme on se surprend à attendre la suivante plus que les jeux en eux même, étonnant..


Conclusion:


Mais alors au final que vaut ce TSA ? Pourquoi avoir attribué un 7 alors que le jeu collectionne autant de défauts ? Et bien la raison est double :



  1. TSA n'est pas un No More Heroes et ne s'en attribue que le nom : En effet ce que l'on voit la ce sont (de la bouche même de son créateur) des jeux que Suda 51 a créé il y a bien longtemps comme des petits projets propres et solos qu'il s'est permis de dévoiler au grand public à travers la DDM I, ce que l'on a devant nos yeux n'est pas No More Heroes mais un Travis qui se balade dans les jeux qui trainaient dans l'ordi de Suda 51. Alors oui ce n'est pas parfait c'est même assez mauvais mais TSA est un concept, une oeuvre embryonnaire et méta dans son contenu alors oui c'est étrange et mauvais et ça ne retire pas le fait que ça ne mérite pas plus de 5 mais l'idée est la et en prendre conscience est important pour la suite car :


  2. TSA est une excuse servant de prologue à No More Heroes 3 : Oui Suda 51 nous a apportés ses projets embryonnaires sur un plateau d'argent avec le nom de No More Heroes dessus mais au final le but secret de ce jeu n'est autre que de ramener le public vers Suda 51, pas la meilleure idée marketing mais pourtant les faits sont la : La fin de TSA et même son contenu général sont une excuse scénaristique / Prologue au fameux No More Heroes 3 que tout les fans attendent et la fin du jeu le montre de manière totalement explicite et sans le moindre doute possible et c'est en ça que j'ai envie de soutenir le dernier né de Suda 51, oui TSA mérite un bon vieux 5 mais ce serait cracher sur son auteur et l'abandonner que de faire ça et en tant que fan du bonhomme je ne peut me résigner à abandonner la suite d'un rêve que j'ai pu vivre en jouant No More Heroes 1 et 2 celle d'une série qui même 10 ans après continue de me faire rêver..



Alors une fois de plus c'est un wait and see double auquel on se retrouve face à face à présent.Tout d'abord car 2 DLCs sont prévus pour le jeu et le season pass est déjà en ma possession mais aussi parce que No More Heroes 3 semble sur les rails et que la tuerie va pouvoir recommencer et Suda 51 peut déjà s'attendre à mon soutien car le rêve n'est pas fini..

Stark1901
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le 4 févr. 2019

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