On l'aura compris avec ce 6/10, je ne partage pas les concerts d'éloges qui ont salué ce nouvel opus de Dupontel. Les zooms et les travellings "virtuoses" pour en mettre plein la vue m'ont rappelé Jeunet et son Long dimanche de fiançailles que je n'avais guère aimé pour cette raison. En art, je déteste l'épate, là j'ai été servi. Je lis çà et là les nombreuses références cinéphiles : à Buster Keaton, à Chaplin (j'y ajouterai Vampyr de Dreyer, avec la scène où Pradelle est enseveli sous la terre). À quoi bon si c'est pour être à ce point en-dessous de ces maîtres ?


La scène des tranchées, fort louée, m'a personnellement fait penser à un jeu vidéo. Certes, elle est assez prenante, sur le mode du débarquement dans le Soldat Ryan (en moins réussi toutefois), mais quelle esthétique cheap ! Et ces corps qui volent sous le coup des obus, on se sent un joystick dans la main ! J'avais déjà ressenti cela avec Zero Dark Thirty, dans la scène de l'assaut. J'ai l'impression qu'il va falloir s'y habituer.


Ensuite, le film est certes manichéen, mais il est en cela fidèle au livre, et cela ne m'a pas gêné, tant Pradelle est le personnage qu'on "adore détester".


Plus gênant, le happy end qui fait très blockbuster, surtout de la part d'un Dupontel qui s'était affirmé au départ comme un auteur trash. Quel embourgeoisement depuis Bernie !


Quelques faiblesses scénaristiques,
- cette inutile et bébête romance avec la soubrette ;
- le geste d'Edouard final est assez incompréhensible, rien dans le scénario ne le laisse deviner ;
- la fin : dommage que l'officier au Maroc le laisse partir parce que son fils était sur le champ de bataille - en plus du côté invraisemblable, il y a cette justification personnelle qui vient gâcher un peu le geste.


Mais le film a aussi ses qualités :
- les dialogues, souvent drôles ;
- le personnage de l'inspecteur joué par Michel Vuillermoz, assez truculent ;
- les masques, superbes et inventifs ;
- les acteurs, tous très justes ;
- et il faut reconnaître qu'on ne s'ennuie pas un instant.


C'est essentiellement le clinquant de la mise en scène et du filmage qui suscitent mes réserves. A ceux qui pleurent sur le cinéma français (ce genre de généralités m'agace toujours), je viens de voir Une histoire banale de Audrey Esturgo, tourné avec 8 000 € et avec beaucoup de justesse (zeugma). Pas forcément besoin de beaucoup de budget pour faire de bons films.

Jduvi
6
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le 4 janv. 2018

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Jduvi

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