Fan des Monty Python depuis toujours, le trublion français, Albert Dupontel, s'évertue depuis 1996, voir même depuis 92 avec son court métrage Désiré, à mettre en scène ses idées farfelues et cartoonesques. Et il faut dire que quand il trouve le budget minimum qu'il lui faut, il nous sert de belles tranches de comédie française atypique.


N'étant lui-même pas fan des comédies des autres metteurs en scène français de notre époque, il ne joue en tant qu'acteur que des rôles plus au moins sérieux, plutôt plus que moins d'ailleurs. Il suffit de jeter un œil à sa filmographie acteur pour se rendre compte qu'il n'a même pas cinq pures comédies à son actif.
Dupontel est un homme discret et un artiste stressé, cela ne l'empêche pas de faire son cinéma, sa comédie, de libérer ses idées folles et son jeu excentrique délicieux.


Mais voilà que l'habitué des scénarios originaux tombe sur un livre de Pierre Lemaitre, un coup de cœur qu'il décide de mettre en scène. Pour ce faire, il se voit disposer de quinze millions d'euros, son plus gros budget jusqu'à présent. Et visiblement il ne le gâche pas le moins du monde. Entre casting cinq étoiles, décors bluffant, effets spéciaux impressionnants et photographie poétique, tout est là pour en faire le film le plus ambitieux de sa carrière de réalisateur.
En effet, l'artiste se livre au jeu des miroirs, des plans séquences, parfois faux, parfois vrais, avec un plaisir de gosse, sans que cela fasse trop artificiel. Il est inspiré de bout en bout techniquement et visuellement, les décors sont sublimes, tout comme les accessoires, vêtements et masques bien sûr. La photo est quant à elle retravaillée à partir des négatifs si j'ai bien compris, rendant l'image argentique, vieille, pelliculeuse, un bel hommage que ces couleurs ternes et ce grain parfait.


Au casting, tous ses potes et bien plus, Bouli Lanners, son ami, n'ayant pu incarner le rôle d'Albert Maillard, c'est Dupontel qui s'y colla. S'il est dans l'ensemble inspiré de Chaplin, son idole absolu, il retombe quelques fois dans ses travers du Vilain, sans pour autant gâcher le reste de ses scènes où il se révèle très tendre. Nahuel Perez Biscayart, la révélation de 120 battements par minute, joue avec ses yeux, ce qui n'est pas le cas d’énormément d'acteurs, il y est impeccable.
Tout comme le méchant, Laurent Lafitte, homme que je n’apprécie pas vraiment mais qui ici se montre à la hauteur de son talent. Niels Arestrup fait partie de ces acteurs qui jouent naturellement, parfait forcément. Emilie Dequenne, Mélanie Thierry et la petite Héloïse Balster sont les femmes de ce film, différentes les unes des autres, et tout bonnement superbes.
André Marcon, Kyan Kohjandi et les évidents Michel Vuillermoz, Philippe Uchan, Philippe Duquesne, ou encore Gilles Gaston-Dreyfus sont tous géniaux.


En bref, Dupontel livre une poésie visuelle, auditive et scénaristique, à l'ambition folle et aux scénes spectaculaires à l'image de l'intro dans les tranchées, même l'affiche du film est sublime. Cependant, et oui... je préfère mon bon Albert de Bernie, du Vilain, ou encore d'Enfermés Dehors, des comédies trash et pourtant très tendres qui m’amusent merveilleusement.

-MC

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