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Tourné dans la région d'Alberta, à l'ouest du Canada, le film de Jeremy Saulnier se présente comme une sorte de thriller métaphorique.


Dans le petit village perdu de Killut, trois gosses ont été enlevés à quelques mois d'intervalle. Les villageois accusent les loups qui vivent dans les parages. Esseulée depuis que son mari est parti faire la guerre en Irak, la mère du dernier gamin disparu fait appel à un spécialiste de la nature sauvage pour retrouver et tuer le loup qui a enlevé son fils.
Soit.
Enfin soit...si on accepte deux idées déjà pour le moins curieuses. D'abord qu'un loup puisse enlever des enfants sans laisser la moindre trace de ses forfaits. Et que le spécialiste des loups qui arrive bientôt sur place, primo ne s'étonne pas de cet enlèvement et deuxio qu'il accepte une mission aussi peu naturelle que d'aller tuer un loup (un peu comme si la femme d'un surfer croqué par un squale avait demandé au commandant Cousteau de lui ramener la nageoire du grand méchant requin). On se dit qu'un chasseur local eut bien davantage fait l'affaire que ce sympathique mais très maladroit Russell Core qui par ailleurs traverse tout le film en étant ni un zoologue, ni un chasseur, ni même un écrivain très crédible.


Et puis on fait la connaissance du Big Bad Wolf. Pas le loup sauvage incriminé au début mais le mari mal embouché revenu d'Irak. Qui ne va pas trop apprécier que l'autre écrivain lui ai piqué ses bottes. Ni que sa femme se soit barrée sans prévenir. Et quand Grand Méchant Loup pas content... Ce personnage très physique, on va comprendre au fil du récit qu'il est une sorte d'homme-loup. Qui se comporte comme tel c'est-à-dire en chef de meute, opérant de manière impitoyable dans sa quête de vengeance. Une sorte de conte métaphorique a-t-on dit.
Soit.
Enfin soit...à condition de comprendre un tant soit peu les agissements de ce personnage qui est censé s'apparenter à un loup donc mais dont la motivation principale semble être la haine. Or chacun le sait sans avoir besoin d'être zoologue, si l'animal peut être cruel par nécessité, il ne l'est jamais du fait de quelque émotion, la haine notamment lui étant inconnue (à quelques exceptions près pour les animaux dressés...par les hommes). Nul loup, nul tigre, nul animal aussi sauvage soit-il - Aucune bête aussi féroce pour reprendre le titre du roman d'Edward Bunker, n'agira jamais de façon aussi stupide que ce vengeur qui n'a du loup que le masque.
Bref, Killut cru ? C'est p't'être vous ? C'n'est pas moi.


Personnages/interprétation : 5/10
Histoire/scénario : 4/10
Réalisation/musique/photographie (très beaux paysages) : 7/10


5.5/10

Créée

le 16 janv. 2019

Critique lue 2.9K fois

16 j'aime

10 commentaires

Theloma

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