Après deux longs métrages plus ou moins porteurs de belles promesses ( le très gore À l'intérieur, l'inégal mais joliment atmosphérique Livide ) Maury et Bustillo accouchent en 2014 de Aux yeux des vivants, petit bijou du genre honteusement passé inaperçu lors de sa sortie en salles. Objet étrange, géographiquement insituable et comme à la croisée des références ( Massacre à la tronçonneuse 2 beaucoup, Rob Zombie pas mal aussi...) ce troisième film reste probablement le plus abouti du duo de jeunes réalisateurs assoiffés d'horreurs et de frissons. Un morceau de cinéma courageux, visiblement tourné dans la souffrance et péniblement produit et distribué mais témoignant de véritables propositions artistiques et cinématographiques.


Aux yeux des vivants commence pourtant par un alibi promotionnel assez casse-gueule : un prologue montrant Béatrice Dalle enceinte jusqu'aux dents dans son rôle sempiternel de psychopathe infanticide ( À l'intérieur est encore là, sous nos yeux injectés de sang et notre bouche tâchée de cendres...). On présage alors le pire - autrement dit assister à une redite inconséquente du premier film du binôme - tant les gimmicks et le style semblent tourner autour et contre eux-mêmes... Alors le film démarre réellement en nous présentant ces trois goonies tout droit sortis d'un roman de Stephen King, adolescents stéréotypés en partance pour l'école buissonnière et les 400 coups de rigueur. S'ensuivront des petits morceaux de bravoure mâtinés de moments plus faibles, mais clairement réussis dans leur agencement globale.


Si Maury et Bustillo n'évitent pas toujours le ridicule des situations ils manifestent une telle foi dans le genre que le résultat s'avère étrangement très efficace. Sens du découpage, faciès de la figure horrifique principale évoquant le visage protubérant de Michael Berryman, usage parcimonieux du jump-scare, casting relativement pertinent, récit scabreux mais assumé tel quel... Aux yeux des vivants s'avère être un petit voyage horrifique tout à fait honnête, bénéficiant encore une fois de la superbe composition de Raphaël Gesqua, pourvoyeur de frissons musicaux hors-paire déjà responsable du très beau score de Livide... Étonnant.

stebbins
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le 22 mai 2020

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