J'avais un très lointain souvenir d'Avalon, véritable ovni cinématographique de Mamoru Oshii, le réalisateur japonais derrière Ghost In The Shell ou encore Patlabor. Sélectionné à Cannes en 2001 (en Hors-Compétition), le film est (malheureusement) passé inaperçu. Il faut dire que l'œuvre est assez inédite : un réalisateur issu de l'animation japonaise réalise un film en Pologne, en langue polonaise et en prise de vues réelles.
On se souvient du film comme d'un rêve, sans trop comprendre ce que l'on vient de vivre, hormis quelques scènes qui nous restent encore en tête. Voyager dans Avalon c'est accepter de se perdre dans un univers singulier qui trouble sa perception de la réalité. C’est tout à fait dans le style du réalisateur : le film est lent, contemplatif, et s’accélère à certains moment grâce à des scènes d’action. Avalon représente une anomalie dans l’œuvre de Mamoru Oshii sur le plan purement technique mais qui reste cohérente avec son style de réalisation.
Ce qui frappe surtout c'est l'esthétique particulière du film. La teinte sépia de l'image à laquelle s’ajoute un effet de bloom omniprésent, donnent ensemble une certaine texture fantomatique à l’image, proche de ce que l'on trouve dans le Stalker de Tarkovski. Avalon est un film qui ose s’aventurer dans une recherche esthétique au sein du monde du jeu-vidéo, et prend presque au pied de la lettre la notion de « virtuel » pour y bâtir tout un univers. La surprise est immense, quoique déroutante, lorsque que l’on s’y aventure pour la première fois.
Avalon c'est aussi une musique et une ambiance sonore mémorable. La bande originale, composée par Kenji Kawaï (déjà à l’œuvre derrière celle de Ghost In The Shell) ajoute un aspect lyrique au film, surtout dans ses scènes d’errance dans la réalité (ou le jeu, à vous de voir). L’ambiance musicale reste ainsi très mélancolique, que ça soit à l’intérieur ou en dehors du jeu. Elle arrive toutefois à nous emporter dans son souffle épique (lors du mémorable générique d’ouverture du film par exemple).
Avalon reste encore une énigme pour moi aujourd’hui. Je reste pourtant admiratif devant la démarche de son auteur, assez audacieuse pour l’époque.