Je me suis lancé dans un challenge duquel je pourrais ne pas revenir vivant. Certains pensent que je risque l'overdose. D'autres que je vais probablement ensuite voir la vie avec un filtre Marvel. Que je vais voir partout dans la rue des méchants écrits sur une feuille de PQ et que je verrai en levant les yeux divers portails inter-dimensionnels. Pire encore, que mes proches morts vont revenir à la vie. A vous tous, je vous dis que vous avez tort. Ou du moins, que je l'espère.


Plus sérieusement, l'idée est de revenir à froid sur 10 ans et 18 films qui ont, plus pour le pire que pour le meilleur, révolutionné le genre du blockbuster, et de les revoir aujourd'hui pour savoir s'ils ont survécu à l'épreuve du temps.


Aujourd'hui : Avengers.


J'ai beaucoup de bien à dire du film, mais, vu qu'aujourd'hui pour la première fois, j'arrive à mettre le doigt sur deux-trois choses qui m'ont toujours dérangé sans que j'arrive à m'expliquer, ou même à expliquer tout court, pourquoi ça me dérangeait, je vais commencer par ça.


Skyfall. The Dark Knight Rises. Sherlock 2. The Hobbit. The Amazing Spiderman. Dark Shadows. Looper. Prometheus. John Carter. Jack Reacher. L'odyssée de Pi. Battleship.


Tous ces gros blockbusters sont sortis en 2012. Et Avengers est plus moche que tous ces films, même les plus mauvais, même les plus atroces à voir.


En décidant d'avoir cette photographie "réaliste" pour mieux ancrer son film dans son côté 9/11, Whedon refuse surtout d'avoir la moindre esthétique. Et quand ça arrive la même année qu'un Skyfall, ou même qu'un Rises, qu'un Pi, ou qu'un Burton, et quand ça sort un an avant Pacific Rim et sa photographie époustouflante, ça pique.


Le film ne manque pas de plans mythifiants et iconiques, bien au contraire. Whedon sait ce qu'est un héros, et il sait comment on doit montrer un héros. Même ses ralentis sont impeccables à une époque où le cinéma d'action commençait pourtant à renier de plus en plus l'usage du ralenti. Mais au-delà de ça, c'est juste moche. J'ai l'impression de bout en bout qu'il a mis sa caméra en mode auto et qu'il a filmé. Et je me dis alors que je préfère même lorsqu'il copie la photo de Snyder dans Ultron. C'est dire.


Le tout fait très propre, vraiment très propre. Trop propre sur soi. Un peu comme si le meilleur moyen de se remettre du 9/11 était de le montrer de façon édulcorée avec des super-héros au milieu. Ce qui fait qu'au final, on a un film beaucoup plus fun qu'épique.


Et puis, il y a l'autre énorme problème du film. Loki. Présenté dés la première scène comme laquais de Thanos, Loki perd toute sa subtilité, tout ce pour quoi on l'a autant aimé dans Thor. Il devient un méchant de cartoon, sous-Joker qui se laisse capturer parce qu'il a 3 coups d'avance - alors que contrairement au Joker, cette partie là de son plan ne tient pas debout et se retourne contre lui, mais passons, ça vaut mieux - et qui se fait ridiculiser tour à tour par quasiment tous les good guys. Et surtout, il est montré comme un méchant de cartoon. Il est pâle, il transpire constamment, il a des cernes. Putain de merde, on dirait qu'il vient de se choper une gastro.


Whedon a fait de Loki le comic relief d'un film qui n'avait pourtant pas besoin d'un comic relief, puisqu'il est assez drôle comme ça, et les Vengeurs en viennent à avoir plus peur de Hulk que de leur principal ennemi. Pourtant, le spectre de son combat intérieur et de sa nuance est toujours présent au détour de dialogues avec Thor, comme il sera plus ou moins présent dans le deuxième épisode de Thor. Mais ce n'est qu'avec Ragnarok qu'on retrouve un tant soit peu le Loki qu'on aime véritablement, et c'est dommage.


Mais à part ça... Le travail réalisé par Whedon est aujourd'hui encore plus impressionnant qu'à l'époque, parce qu'aujourd'hui, on a vu avec la concurrence que ce n'était pas si facile de faire des films d'équipe. Whedon arrive à lier 4 films qui n'ont aucun liens entre eux et arrive à rendre le tout d'une logique et d'une intelligence qui laissent croire que tout a été pensé en amont.


Mieux encore, il arrive à nous faire croire à leurs interactions grâce à son écriture et à ses dialogues. Si Whedon ne sait pas s'entourer de chef ops intéressant ni donner une belle esthétique à son film, une chose est sûre, il sait se servir d'un papier et d'un stylo.


C'est le film qui a commencé la Marvel Mania, le premier du MCU à battre tous les records, à faire de chaque film un évènement, une croix à mettre sur son calendrier, et c'est grâce à l'écriture subtile de Whedon qui les rend humains quand ils comparent leurs tailles de zgueg et Dieux quand ils doivent s'unir.


Whedon a compris ce qu'était un super héros, a compris la dichotomie d'un super, et c'est alors vraiment pas difficile de comprendre quels ajouts il a apportés à cette merde de Justice League. J'espère qu'on retrouvera son écriture très vite.

WallydBecharef
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le 29 mars 2018

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Wallyd Becharef

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