Il y a tout juste 10 ans, un super-héros encore assez peu connu du grand public faisait ses débuts fracassants sur grand écran : "Iron Man", réalisé par le solide faiseur Jon Favreau et interprété par le revenant Robert Downey jr. Contre tout attente, le film casse la baraque au box office US et un peu partout ailleurs au point de motiver Kevin Feige (à l'époque encore producteur/consultant des adaptations Marvel et aujourd'hui big boss de Marvel Studios) à créer et développer tout un univers cinématographique qui, à l'instar des comics, serait interconnecté et permettrait à ces différents personnages non seulement d'avoir droit à leurs propres aventures solo mais également de se réunir dans des films collectifs.
C'est donc (en partie) de cette manière qu'est né le désormais insubmersible MCU (Univers Cinématographique Marvel) qui, depuis 10 ans et le 1er film "Iron Man", squatte le grand écran à raison de 2,-3, voir 4 films par ans pour le bonheur de certains (les fans de comics comme les spectateurs lambda amateurs de cinéma de divertissement) et le malheur des autres (les cinéphiles un peu trop tatillons ou tout simplement les personnes totalement hermétiques à ce genre de production).
C'est donc en très grande pompe que débarque INFINITY WAR ("Avengers 3ème du nom, sur papier), le point d'orgue de 10 ans de travail, durant lesquels se seront succédé à la fois des films de bonne qualité ("Iron Man 1", "Les Gardiens de la Galaxie", "Avengers 1", "Black Panther", "Thor Ragnarok") et d'autres plus discutables ("Thor 1 et 2", "L'incroyable Hulk", "Les Gardiens de la Galaxie 2").


Il est temps maintenant de passer au film en lui-même, soit un diptyque (film divisé en 2 parties) incluant rien moins que la totalité des (super)-héros présentés par le MCU au cours des 10 dernières années.
Est-il à la hauteur de ces colossaux enjeux, narratifs et visuels ?
Globalement, on peut dire que le pari est remporté haut la main. Les réalisateurs Joe et Anthony Russo, à qui l'on doit les deux derniers films consacrés à Captain America ("The Winter Soldier" et "Civil War") et qui succèdent ici à Joss Whedon, réalisateur des 2 premiers "Avengers", ont fait un travail en tout point remarquable avec cette "première partie".
Ayant choisit le procédé du montage alterné qui permet de suivre plusieurs personnages principaux réunis en différents petits groupe de 4-5 membres éparpillés dans des lieux divers (technique déjà utilisé dans les sagas "Star Wars" avec "L'Empire contre-attaque", "Le Seigneur des Anneaux" avec "Les Deux Tours" et "Le Retour du Roi" et "Matrix" avec "Matrix Revolutions"), la narration n'en est que plus efficace, permettant de créer une tension permanente et même un certain suspense dans les séquences d'action les plus intenses, allant même jusqu'à conférer au film une atmosphère franchement dramatique (si, si vous avez bien lu) que les 3/4 des films du MCU avaient jusque là mis un peu de côté au profit du fun et du divertissement pur.


Ceci dit, si ce troisième"Avengers" se révèle plus sombre et plus tragique que ses prédécesseurs, il n'en reste pas moins très divertissant et même par moment franchement fun, riche de scènes d'action à couper le souffle bien découpés et surtout bien monté alors que le principal reproche fait aux frères Russo sur les deux suites de "Captain America" était justement de frôler l'épilepsie à coup de plans ultra rapide et de sur-découpage abusifs. Avec "Infinity War", on sent de leur part une envie de bien faire les choses, d'offrir comme il se doit le cadeau que les fans attendent depuis des lustres, à savoir l'affrontement entre les Avengers et le maléfique Thanos, dit "le titan fou" dont l'ambition est d'éradiquer la moitié de l'univers au moyen des 6 pierres de l'infini, dévoilé dans les précédents films.
Là où l'on pouvait craindre, au vu du très grand nombre de personnages, que certains soient survolés ou pire encore sous-exploités, le scénario, pourtant de facture assez classique, parvient à faire en sorte de les faire tous exister et cohabiter dans un ensemble cohérent et équilibré, de façon à ce que chacun puisse avoir droit à sa scène bien à lui.
Dès lors, cette manière de faire donne lieu à de très bonnes idées narratives (le duel d'ego entre Iron Man et Docteur Strange, la complicité malicieuse naissante entre Thor et Rocket Racoon) qui, en plus d'être astucieuses, servent plutôt bien le récit.


L'autre changement de taille entre ce troisième opus et les deux autres réside dans la manière dont sont amenés les scènes de combat. Là où "Avengers 1 et 2" s'assumaient pleinement comme de purs "pop-corns movie" dopés à la distraction et au grand spectacle à raison d'une séquence d'action toute les 5 minutes, "Infinity War" se démarque par son envie d'insister d'avantage sur les moments plus intimistes, voir même sur les épreuves psychologiques que traversent les différents personnages; type de procédé assez proche des suites de "Captain America". Et puis après tout, il est quand même question de destruction de l'univers, de morts et de souffrances du passé qu'on a encore du mal à oublier. L'heure n'est donc plus trop à la rigolade et ça (autre point fort du film), Kevin Feige et ses sbires l'ont enfin compris. Certes, "Infinity War", malgré la gravité de ses enjeux narratifs, contient quelques séquences d'humour mais cette fois-ci, ô surprise, elles sont non seulement bien dosées mais mieux encore elles ne désamorcent à aucun moment les temps forts du film (point d'amélioration qui s'était déjà fait sentir dans "Black Panther"). A tel point que l'humour d"'Infinity War" fait même office de bouffée d'air frais bienvenue dans un récit globalement assez pessimiste et par moment franchement très triste.


Dans son envie de faire de ce 19ème long-métrage du MCU le cadeau d'anniversaire ultime, celui de 10 ans de mise en place et d'histoire de personnages et d'univers connectés en se dépassant en terme de grand spectacle, d'effets spéciaux, et d'émotions (quitte même à opter pour une ambiance plus sombre qu'à l'accoutumée), "Infinity War", malgré quelques petits défauts d'écriture et des détails scénaristiques parfois un peu vite expédiés, remplit son contrat haut la main et s'impose comme un Blockbuster jouissif et survatiminé comme on aimerait en voir plus souvent.


Voilà, reste plus qu'à attendre la suite... dans un an.

f_bruwier_hotmail_be
7

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le 26 avr. 2018

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