À ce stade, le MCU a clairement réussi son coup : c'est, d'un point de vue extérieur (et de celui de beaucoup de gens dans la salle où on était, qui n'arrêtaient pas de se murmurer "C'est qui lui, déjà ?"), le feuilleton sur grand écran le plus touffu qu'on ait jamais vu. Il y a des trillions de persos (dont certains joués par des acteurs si transparents qu'ils ont dû être scannés depuis leur appartement dans le décor), des décors et planètes à foison, des dialogues en forme de perpétuelles punchlines…
Bref, c'est du comic book live, du pur et sans filtre. Pas de prisonnier. Les frangins Russo, qui avaient fait des merveilles, toutes proportions gardées, sur les Captain America, sont un peu dépassés par l'ampleur du truc, au point d'en oublier de dynamiser un poil leur mise en scène. Pour un film sur la fin de l'humanité, ça manque aussi pas mal d'humains, justement : le seul perso qui apporte un peu de complexité, de profondeur à la chose, c'est paradoxalement Thanos, plus beau protagoniste perf-capturé depuis le singe César. Rien à dire là-dessus, ce vilain-là marque les esprits, parce qu'il a les meilleurs dialogues, les meilleurs conflits intérieurs, et parce qu'on ne le voit pas pour la 22e fois à l'écran comme certains (coucou Tony).
Le plus regrettable là-dedans, c'est que Marvel n'ait pas tenu les promesses de son marketing : le cliffhanger a beau jouer la carte du "darkness absolu", c'est du beau pipeau en bois de sapin. Il flottait comme un air de tragédie cosmique dans cette histoire, et à la fin, le studio à qui tout réussit retient encore ses coups. Une occasion en or loupée, alors que se profilent encore de gentilles pitreries numérisées comme Ant-Man 2.