Je précise d’emblée que je ne suis pas un adepte de l’univers Marvel, malgré tout je n’avais rien contre devenir un honnête prosélyte du genre. Hélas, après visionnage, force est de constater que la conversion n’est pas encore pour aujourd’hui.


Ce film est, à mon sens, seulement une figure de proue de l’esprit universaliste et impérialiste états-unien. Il s’agit d’une caricature bâti sur un ensemble de topos et autres lieux communs propres à l’américanisme. L’excès, la démesure, la grandiloquence, la surenchère, la disproportion et la suffisance du film et de ses "super héros" correspondent parfaitement à l’esprit américain. Des héros surpuissants, toujours bien coiffés, maquillés, invincibles, sans la moindre égratignure (le mort de la fin est là pour faire illusion) sur lesquels on calque paradoxalement des émotions et des pratiques bien humaines, histoire que le public s’assimile bien aux personnages. Ces "héros" picolent et font des soirées mais ils ont aussi et surtout des faiblesses, des tourments (plus ou moins vaseux mais qu’importe) qui les divisent mais ils parviennent à les surmonter par l’unité et la solidarité (ça me rappelle le beau discours du président américain dans Independence day). L’américanisme transparait aussi à travers des scènes typiques comme celle de la petite maison dans la prairie avec la grange et ses deux valeureux bucherons occupés à casser du bois (encore un lieu commun de l’american way of life). L’américanisme c’est aussi un défilé de grandes marques comme beats, Lévi’s, Adidas, des ordinateurs sophistiqués et des écrans tactiles comme s’il en pleuvait, des drapeaux américains en arrière plan… Il n’y a que les bagnoles de ces seigneurs qui sont allemandes contrairement à celles de ces ploucs de soviétiques attardés qui roulent en Peugeot ou en Lancia (oh les ringards). Des clichés gratuits sur l’Europe de l’est prolifèrent notamment avec les vestiges communistes (statues et autres), les chapkas et les AK-47 : panoplie héritée de la Guerre froide. Mais tout de même, on ne peut pas les laisser souffrir comme ça, alors on fait une "intervention" pour les sauver de la menace robotique et les sortir un peu de leur ignorance temps qu’on y est. Les Avengers représentent la justice et la morale au niveau international pourtant captain américa n’a pas encore pour projet de changer son nom en captain world. Enfin, nos "héros" dénoncent les méfaits de la science et de la technologie, mais cette critique du positivisme est très vite balayée avec l’apparition d’un androïd pacifique (mi homme mi robot, encore le thème de l’union) qui vient appuyer l’action collective contre l’IA maléfique. Bien sûr le spectacle, à base d’effets spéciaux, est là, altier, avec ses explosions assourdissantes et ses destructions massives, il tente de divertir, c’est son objectif, mais un peu de subtilité et de réflexion ne pourrait que renforcer son efficacité, car les rares répliques à visée humoristique peinent à dissimuler le manque de saveur du film.

josey-
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le 18 mai 2015

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