Imaginez un dessin animé où la révolution industrielle et scientifique se fige au 19e siècle, un Paris sous la pollution aux airs de steampunk où la suie fait rage mais où la grandeur des monuments se traduit dans des tours Eiffel jumelles côtoyant la statue d'un certain Empereur.
Avril et le Monde Truqué est aussi riche visuellement que dans ses personnages, le chat Darwin vaut à lui tout seul son pesant de cacahuètes ; oscillant entre références à peine cachées et histoires rocambolesques de savants qui disparaissent, le film va au bout de ses ambitions, campant sa folie lézardesque mais jamais ridicule, jusqu'à une réflexion sur le monde bien pensé.
Les enfants ne sont jamais pris pour des idiots, les adultes y retrouvent les traits de Tardi et l'humour sait se faire subtil sans être pataud. On suit avec délice les aventures d'Avril dans cette uchronie qui réécrit l'histoire sans tomber dans des travers trop compliqués.
Il y a quelques facilités, l'histoire d'amour qui se profile rapidement et cet agent de police pas fut-fut propre à Tardi, mais dans l'ensemble le film reste une merveille à la découverte d'un univers qui ne manque pas de charme malgré sa tendance au charbon.