Si vous voulez entendre, il suffit d'écouter.
C'est en errant de manière hasardeuse au milieu d'une médiathèque que subitement mon œil est attiré sur une boite en premier plan d'une série de films. Brad Pitt étant un de mes acteurs préférés et ayant déjà plus qu'apprécié son duo avec Cate Blanchett dans l'étrange histoire de Benjamin Button, j'ai sauté sur l'occasion.
Cependant, en lisant le dos de la jaquette, j'était sur d'avoir déjà vu ce film il y a longtemps, et je l'avais déjà vu. Avant même de lancer le film, les fragments des histoires marocaine, américaine, mexicaine et japonaise se recomposaient et je me souvenais de la scène finale au plan près. Je me suis donc lancé dans ce film avec la joie de revoir un joyau m'ayant marqué.
Si le film est si marquant, c'est pour moi pour certaines raisons, et non des moindres. Dans un premier temps, le respect des langues différentes, justifiant le titre, est un point crucial du film, car même si les différentes origines jouent parfois pour les problèmes de compréhension, le film essaie de nous dire que cela n'a souvent rien à voir avec l'origine. Tout les couples du film ont des problèmes de compréhension entre eux, et ce malgré leurs origines communes: le couple américain est au bord de la rupture, les deux frères marocains n'arrêtent pas de se chamailler jusqu'au désastre, la vieille nurse mexicaine doit faire comprendre aux enfants qu'elle n'est pas méchante envers eux, et la fille et le père japonais ne se voient presque pas.
Un autre point important, comme on peut le voir ci-dessus, ce sont les différences de rapports, qui nous montrent en quoi l'homme ne comprend pas ses semblables.
Viennent ensuite les figurants et les personnages secondaires, tous étant des monstres envers les personnages principaux et les rendent parfois comme tel. Au Japon, ils ignorent la jeunes fille sourde-muette et les seuls qui osent lui parler sont des drogués, ce qui la rend elle aussi plus mauvaise. Au Maroc, les deux jeunes frères et leur père sont traqués comme des bêtes, ce qui pousse l'un des frères à utiliser l'arme qui à tirée sur un homme accidentellement une première fois, de manière cette fois-ci complètement volontaire. Au Mexique, le neveu de la nurse passe la frontière de force, ce qui transforme celle-ci en kidnappeuse aux yeux de la loi. Une note d'espoir subsiste grâce au couple américain, la femme étant blessée, leur bus s'arrête dans un village, le mari arrive à retenir celui-ci un moment avant de se faire abandonner. Mais la population locale les garde comme elle peut et le guide reste même pour les aider.
Enfin, ce qui m'avait vraiment marqué la première fois est la mise en scène absolument poignante. Outre le jeu d'acteur irréprochable et les décors sublimes, un élément est particulièrement remarquable, les transitions. Seul Sailor et Lula de David Lynch m'avait marqué sur ce point, grâce à un mouvement ou une forme se trouvant sur un plan à celui suivant le cut. Ici, c'est un autre élément du film qui permet la transition, c'est la musique: celle-ci augmente progressivement jusqu'à atteindre le même niveaux sonore que le son du reste du film, puis ce dernier baisse jusqu'à totalement disparaitre, puis cut au prochain plan suivant où l'effet inverse se produit. Ces transitions marquent le passage d'une histoire à une autre et sont magnifiques.
Seul point noir à mes yeux, et cela reste une question de goût, l'histoire japonaise ne m'a pas attirée plus que ça, peut être à cause des très rares dialogues, même entre sourd, ce qui la rend pour moi moins intéressante.
En bref ce film est poignant, magnifique et surtout il vous parle, car son but est de vous expliquer que pour entendre, il vous suffit d'écouter.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.