On ne va pas se mentir. "Baby Driver" est assurément le film le plus faible de la carrière d'Edgar Wright. Mais on ne va pas se mentir. Même le film le plus faible de la carrière d'Edgar Wright vaudra toujours mieux que 99% de ce qui sort sur les écrans.
Ici, pas de réflexion sur un genre (film de zombies, buddy movie, science-fiction) associée à une critique de la société dans laquelle se passe l'histoire comme dans la fameuse Trilogie Cornetto (Shaun, Hot Fuzz, Dernier Pub), alors que le genre ("getaway movie" ou film de braquage/course-poursuite) aurait pu s'y prêter. Pas non plus ici de mix cross-media comme dans "Scott Pilgrim" qui voyait son personnage principal évoluer humainement tout au long du métrage en achevant diverses missions et niveaux comme dans un jeu vidéo.
"Baby Driver" ne prétend être rien d'autre que ce qu'il est: un pur film de cinoche.
Un objet qui brille, qui se la pète un peu mais qui reste très sincère dans ses intentions.
Et surtout, à une époque où quasiment plus aucun réalisateur en activité ne sait filmer correctement, il est quand même jouissif de voir quelqu'un qui maîtrise parfaitement les bases de la mise en scène cinématographique et qui est capable d'en tirer le meilleur.
Non, mais boudiou!!! Ce sens du rythme dans le montage!!! Ce découpage des plans phénoménale!!! Cette obsession dingue de vouloir synchroniser chaque geste des personnages avec la musique...
"Baby Driver" m'a donné l'impression tenace d'avoir été realisé par le Tsui Hark des années 90 qui aurait demandé au Tarantino des années 90 de lui faire la B.O.
Tout cela pourra sembler désuet aux spectateurs habitués à la fadeur (à tous niveaux) des blockbusters numériques actuels. Mon dieu, qu'ils se trompent!