Connu pour sa "trilogie Cornetto", le britannique Edgar Wright signe avec Baby Driver son premier film 100% hollywoodien. Et quel film ! Scénarisé seul, sans l'aide de son acolyte de toujours Simon Pegg – qui lui a déjà bien entamé sa carrière hollywoodienne –, le réalisateur nous livre un film d'action musical vrombissant rythmé par une bande-originale époustouflante : Queen, Blur, Barry White, Commodores, The Damned et tant d'autres !
Et cette musique, partie intégrante du métrage, est une des grandes forces de Baby driver. Edgar Wright la greffe parfaitement et subtilement aux images de son film, de sorte que la vue et l’ouïe ne forment plus qu'un sens unique ; chaque instrument, chaque note a sa répercussion à l'écran, rien n'est laissé au hasard. Et le ton est donné dès la bluffante scène introductive où le personnage de Baby, incarné par Ansel Elgort (vu jusqu'ici surtout dans des films estampillés "young adult" – la sage Divergente et Nos étoiles contraires, entre autres – et qui trouve ici un rôle à sa mesure), ne se contente pas d'écouter de la musique, mais la vit littéralement : victime d'un accident de la route lorsqu'il était enfant, accident qui l'a laissé orphelin et souffrant en permanence d'acouphènes, il écoute constamment de la musique pour diminuer cette gène. Étant moi-même mélomane et vivant également la musique plus que l'écoutant simplement, je ne peux que faire preuve d'empathie pour ce personnage. La musique, ici, n'est pas juste utilisée pour donner du rythme à l'image, elle a un rôle primordial dans l'histoire, comme rarement cela a été le cas au cinéma. Jouissif.
Si les précédents films d'Edgar Wright étaient déjà de très bonne facture, la réalisation du britannique confine ici au virtuose, notamment dans les scènes de courses-poursuites (aussi bien celles en voiture que celle à pied) qui sont bluffantes à tout point de vue. Mouvements de caméra bien sentis, action à l'écran qui coïncide avec la musique (des coups de feu qui collent à la rythmique du morceau joué pendant la scène, par exemple), acteurs au top, montage au cordeau, etc. De plus, j'ai vu le film en VO, ce qui est bien entendu un énorme plus pour apprécier ce genre de petite pépite. Intelligent, ingénieux, rythmé, ce film est une réussite totale. Non, vraiment, j'ai pris un pied énorme !
Pour finir, je soulignerais la brillante idée d'Edgar Wright d'offrir un petit rôle au plus grand bassiste rock de tous les temps (ai-je besoin de préciser qu'il s'agit de Flea, le bassiste de Red Hot Chili Peppers ?) : dans un film où la musique tient une place si importante, c'est tout sauf anecdotique !