EDGAR WRIGHT EST UN GÉNIE.

EDGAR WRIGHT EST UN GÉNIE.

Oui. J'assume ces propos et j'insiste : ce réalisateur est complètement génial. Après la trilogie Cornetto (Shaun of The Dead, Hot Fuzz & At World's End) et l'inoubliable et culte Scott Pilgrim versus the World , faisons place à Baby Driver!

Après la déconvenue suite au projet Ant-Man pour Marvel Studios qu'il a quitté à cause de "différences créatives", on pouvait s'attendre à voir le britannique revenir avec quelque chose de fort. Une idée qu'il pourrait mener jusqu'au bout avec un contrôle créatif total sans entrave d'un quelconque studio un peu trop dictatorial... (cc Kevin Feige ^^)

C'est un des grands problèmes des blockbusters/films de genre actuels. Ils deviennent de plus en plus des films de studio/producteur avant d'être des films d'auteur qui laissent transparaître la personnalité, l'empreinte ou la marque de fabrique d'un réalisateur. Certains arrivent à se conformer aux desiderata pressants venant de la toute puissante production en ayant un peu de présence (James Gunn notamment) mais il y a toujours des compromis à faire dans le fond. Le grand empire Disney et les licences très rentables qu'ils possèdent ne laisse plus vraiment de droit à l'erreur. Marvel Studios et LucasFilm pour ne citer qu'eux ont des guidelines bien précises à suivre et des structures telles qu'il est parfois difficile de ne pas être un tant soi peu déçu par un contrôle aussi stricte... Avec une tendance à se reposer un peu trop sur les retours de différentes fanbases etc... (The Force Awakens en est l'exemple le plus parlant)

Quoi qu'il en soit, ce problème endémique est l'une des raisons pour laquelle un film tel que BABY DRIVER a pu être fait. Une "comédie d'action musicale", un film hybride nourri par de multiples influences, l'idée de départ du métrage vient un clip qu'Edgar Wright a réalisé où l'on retrouve déjà la base de ce que sera Baby Driver. Dans ce clip (Blue Song du groupe Mint Royale), Wright prit le parti de synchroniser l'image et la musique.

L'histoire est somme toute assez classique, on suit Baby (Ansel Elgort) -un jeune "Getaway Driver" ultra efficace- dans ses péripéties et sa vie quotidienne de braquages en braquages. Il a constamment des écouteurs sur les oreilles pour une raison inconnue ce qui fait que l'on entend la musique qu'il écoute quasiment tout le temps. Les scènes du film deviennent un régal visuel lorsque elles se passent en rythme avec la playlist du film. Que ce soit dans les courses poursuites, les gunfights ou même dans des moments simples ou des scènes de dialogues, la musique donne le ton et rythme l'intégralité du film.

Ce qui a pour effet d'intensifier la nervosité du métrage et de lui donner un style propre. Edgar Wright s'amuse avec une générosité folle en multipliant les clins d’œil et les inspirations. (Reservoir Dogs, Bullit, Sailor & Lula, A Bullet To The Head (!))

Les personnages sont archétypaux certes mais remplissent tous leur fonction avec brio ce qui aide encore plus à augmenter la fluidité du film. Tous ces éléments s'imbriquent et s’enchaînent de la plus belle des manières. Le choix de mettre au centre un héros mutique (comme Mad Max ou le héros de Drive) pourrait agacer. Mais ce n'est qu'une façade qui révèle de plus en plus de potentiel au fur et à mesure que l'intrigue avance. Les protagonistes du film sont tous travaillés et laissent une forte impression.

Que ce soit le chef des opérations Doc (joué par l'impérial Kevin Spacey) le couple maudit Buddy et Darling ou le terrible Bats (Jamie Foxx) Chacun est charismatique, cool et stylé. Et en peu de temps dans le métrage, leurs backgrounds sont évoqués sans passer des plombes en "origin story sequences". Parfois une simple phrase ou une scène de flashback de 15 secondes suffisent amplement et laisse plus d'impact émotionnel sur le spectateur au lieu de l'endormir dans des explications interminables...

Très bon travail sur la photographie avec de très belles couleurs vives et pop qui donne un aspect limite un peu "comic-book pulp" décomplexé tout en étant dans une atmosphère sérieuse et premier degré. Le début du film montre bien le travail remarquable effectué sur cet aspect ou Baby marche dans la rue suive par la caméra où il se déplace en rythme avec les mots de la musique en fond qui apparaissent dans le décor qu'il traverse. Même chose au niveau des looks qui sont aussi très marqués, avec quelques éléments on reconnait immédiatement les persos. Avec une esthétique un peu rétro par moments (notamment au niveau du look "chewing-gum/roller girl de Debora)

On a l'impression de suivre un conte onirique moderne et ce type de films rassure sur l'état du cinéma de genre actuel. Il est encore possible de faire des contenus non adaptés de franchises (ce qu'on aurait tendance à oublier tellement ce genre de blockbuster est présent...) qui impressionnent et surpassent tout sur leur passage!

De l'action frénétique, de la romance, du fun, de l'intensité dramatique et un climax proprement épique finissent de parachever un tableau fort maîtrisé qui est l'accomplissement virtuose d'un des meilleurs réalisateurs de sa génération.

PS : J'allais oublier de vous parler de la bande son!!

Une sélection de titres éclectiques vraiment adaptés à l'action. Douces, dingues, électriques ou entraînantes, chacune des musiques vous amèneront ailleurs et vous feront complètement rentrer dans l'univers du film. Je retiendrai en particulier la chanson de l'intro ainsi que celle du climax. Mention spéciale à la chanteuse Sky Ferreira qui fait une super apparition dans le film dans un rôle-clé (je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler) et la chanson qu'elle interprète est somptueuse.