Back and forth
7.4
Back and forth

Film de Michael Snow (1969)

A l'instar de Wavelength sorti quelques temps plus tôt <---> constitue une véritable expérience de cinéma : incessant va-et-vient millimétré d'une caméra de plus en plus frénétique à mesure que le film avance <---> est un objet-dispositif peu commode, plaçant le procédé du panoramique dans une position filmique permettant un étrange dialogue visuel.


Système de question-réponse ou de réparties sportives évoquant une partie de ping-pong habillée de saccades et de flux mêlés le moyen métrage du grand Michael Snow démarre tranquillement, sans personnages ni même simples figures humaines : cadre concret d'une salle de classe filmée à hauteur d'homme <---> va peu à peu se muer en expérience de cinéma proprement azimutée, agressive et sans concession, confondant d'un instant à l'autre les extrémités de l'unique plan du métrage, allant crescendo vers une forme d'abstraction plastique et d'involution nerveuse.


La forme rappelle certains travaux du paracinema de Ken Jacobs ( on pense aux effets spasmodiques de Celestial Subway Lines, et à cette même réinvention permanente de l'image ) et aussi le The Flicker de Tony Conrad pour la bande-son évoquant les rafales d'un chronographe et le cinéma structurel. Le court métrage Outer Space de Tscherkassky vient également à l'esprit au regard du maelström des dernières minutes : mosaïques géométriques provoquées par la persistance rétinienne, hachures et lignes de force brouillant les repères et le champ de vision... Michael Snow prouve avec <---> qu'il est un maître définitif de l'Art expérimental, au même nom que Stan Brakhage ou Ken Jacobs. Essentiel pour qui aime les défis visuels.

stebbins
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le 15 juin 2019

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