Présenté au BIFFF, le nouveau film du génial réalisateur espagnol Alex de la Iglesia a remporté plusieurs prix aux Goya et au Festival de Venise. 3 ans après Crimes à Oxford, il revient à ses premiers amours avec un cinéma on ne peut plus espagnol, mélangeant l'horreur et le burlesque pour un film complètement atypique. Sortie le 22 juin.

Pour raconter son histoire, Alex de la Ilgesia décide de mettre en scène l'histoire d'Espagne pendant la période Franco. Et quoi de mieux que de représenter la période espagnole la plus triste par les plus drôles des personnages : des clowns. Mais pas n'importe lesquels. Suite à la capture de son clown de père, Javier décide lui aussi de devenir clown. Malheureusement, il n'arrive plus à faire rire les enfants (son père a été utilisé pour des travaux forcés) et décide donc de devenir le « clown triste ». Il se voit embarqué dans une troupe et tombe amoureux de la très belle acrobate. Mais c'est également la femme du clown rigolo, Sergio, un homme très instable puisque alcoolique et d'une violence rare (il bat régulièrement sa femme qui, folle amoureuse, reste). S'engage alors un face à face hallucinant entre les deux personnages. Et quand l'un s'approche de la mort, l'autre (Javier), sombre dans la folie.
Il est intéressant de voir que le film est réellement scindé en 2 parties. La situation d'exposition des personnages nous fait voir qu'on ne va pas tant rigoler que ça et que surtout, ce sera un film qui dérange : un clown part taper du soldat à coup de machette et d'effusions de sang, dans une photo presque en noir et blanc. On retrouvera le fils de ce clown quelques années plus tard. Ensuite, après maintes péripéties (je ne vous spoilerai pas le film) et un passage de transition, Javier sombre belle et bien dans la folie et on se retrouve entraîner dans une course poursuite mélangeant le vigilante movie. Bien sûr ce scindement présente probablement le plus grand défaut du film, la partie de transition est un peu incompréhensible et n'a finalement pas grand chose à faire là. Pour le reste, c'est du tout bon.

Le réalisateur est sur un terrain connu. Les aficionados de Iglesia auront remarqué que la plupart des acteurs de Balada Triste sont issus de sa série intergalactique et inédite en France Pluton BRB Nero. Egalement il s'avère que, comme il le dit lui même, c'est un film extrêmement dérangeant, et néanmoins terriblement fascinant. Le traitement et le ton adopté est discutable, et je peux parfaitement comprendre que certains restent totalement hermétique à ce genre de film. Mais si vous avez aimé par exemple, Le jour de la bête, courrez-y. Alex décide de filmer sans retenue aucune d'où le côté dérangeant. Balada Triste fait preuve d'une grande violence, même dans ses scènes de sexe. Cette violence proche du voyeurisme se révèle fascinante, si bien qu'il en sort un résultat étrange puisque le film est surplombé d'un second degré limite malsain (on rit souvent). Egalement, on observe une photographie très travaillée puisqu'on est souvent à la limite du noir et blanc et parallèlement à ça, le contraste avec le rouge est très marqué (couleur du sang mais aussi du clown).
Le parallèle avec la guerre d'Espagne peut pas paraître compliqué pour nous. En effet il faut probablement l'avoir vécue ou la connaitre sur le bout des doigts pour saisir le sens de certains passages. Néanmoins, l'ambiance représente bien l'Espagne à cette époque mélangeant folie et violence. De la Iglesia agrémente d'ailleurs régulièrement le film de scènes réelles (dont un attentat) augmentant alors le côté étrange et fantastique du film. Le scénario malheureusement traine par moment et se perd un peu. Mais malgré ça, l'histoire tient la route même si on pourra reprocher un manque de repère temporel. Le traitement des personnages est excellent et la folie tout comme le film va en crescendo. La religion occupe d'ailleurs un des thèmes principaux, puisque Javier se retrouve déguisé en Pape et finit à se battre sur une croix, là où est d'ailleurs enterré Franco. Le face à face final se révèle grandiose et le rythme et le suspens du film sont mené avec brio. Le tout est mené par des acteurs qui n'ont rien à prouver.

En somme, Balada Triste est une véritable expérience à la fois agréable et désagréable. Malgré un scénario qui aurait mérité d'être raccourci, le tout est cependant totalement maitrisé. Certains traitements sont très bien trouvé, notamment une mise en abîme et le parallèle avec la guerre.
AlexLoos
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le 18 juin 2011

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AlexLoos

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